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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/142

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litique, refusa toujours de signer un traité ou même d’entrer en négociation après une défaite ; et tandis qu’il accueillait avec douceur les propositions des vaincus, il dédaigna celles d’un ennemi victorieux. Licinius, sans examiner les offres du roi, répondit que s’il voulait terminer la guerre, il devait rendre à discrétion sa personne et ses états.

Cette réponse, on peut le croire, ne causa pas peu de surprise à la cour de Macédoine. Cependant, les opérations des détachemens de fourrageurs ayant rempli le reste de la saison, et l’hiver approchant, les Romains se retirèrent dans la Béotie. Leur escadre fit plusieurs descentes pour inquiéter les peuples qui s’étaient déclarés en faveur de la Macédoine, et Licinius prit ses quartiers sans aucune résistance ; mais à la fin de la première campagne, ce consul avait soumis seulement quelques cantons de la Béotie, et l’autre armée romaine, qui essayait de détacher les Illyriens du parti de Persée, éprouvait aussi de grandes difficultés.

Le commandement de Licinius expira. Son successeur, A. Hostilius Marcius, qui voulut, à diverses reprises, pénétrer dans le royaume de Macédoine, fut constamment repoussé. Le roi le harcelait, lui coupait les vivres, et remportait des avantages dans toutes les affaires de postes ; de sorte que cette campagne ne fut pas plus heureuse que la précédente.

Encore que les Romains eussent bien souvent essuyé des défaites au commencement des autres guerres, surtout dans les premières actions contre Pyrrhus et Annibal, il paraît qu’ils furent surpris et humiliés du tour défavorable que prenait leur expédition de Macédoine. On envoya des inspecteurs pour examiner l’état des troupes, et rechercher la cause de leurs mauvais succès.

Cependant il n’y eut pas un moment d’irrésolution dans les conseils de Rome, et le commandement de la Macédoine passant à Q. Marcius Philippus, l’un des commissaires envoyés en Grèce avant les hostilités, il s’y montra non moins habile dans les opérations de la guerre, qu’il l’avait été lors des négociations. Les lignes au moyen desquelles Persée gardait les défilés des montagnes pour couvrir son royaume, furent enfoncées ; le consul pénétrait victorieux en Macédoine, lorsque l’approche de l’hiver ne lui permit pas d’avancer dans un pays qui offrait peu de ressources. Il établit ses postes, et remit le commandement de l’armée à son successeur.

C’était Paul Émile, le fils de celui qui succomba si vaillamment à la bataille de Cannes. Il avait alors soixante ans, et inspirait une grande confiance par ses beaux services en Ligurie et en Espagne.

Sa harangue au peuple, avant son départ, laisse entrevoir qu’à Rome on censurait avec amertume les généraux malheureux. « Que ceux, dit-il, qui se croient en état de me donner des conseils, m’accompagnent en Macédoine ; ils passeront à bord de mon vaisseau, et lorsque l’armée entrera en campagne, je leur donnerai place dans ma tente et à ma table. Mais s’ils n’acceptent point mes offres, qu’ils ne prétendent pas ensuite juger ce qu’ils n’auront pu voir ; qu’ils aient la sagesse de s’abstenir d’opposer leur avis à celui d’un général qui déploie tous ses talens, fait usage de toute son expérience, et consacre sa vie et son honneur au service de la république. »

Paul Émile trouva le roi retranché sur les bords de l’Énipeus, ses deux