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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/159

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forts d’Archelaüs, il parvint à tirer un fossé depuis les montagnes d’Éleusis jusqu’à la mer ; il s’occupa ensuite de faire approcher ses tours. Archelaüs construisit dessous une galerie de mines. L’ouvrage était presque fini quand les Romains s’en aperçurent. Ils poussèrent de leur côté jusqu’aux murailles de la place ; les mineurs, de part et d’autre, se rencontrèrent ; il se donna entre eux plusieurs combats souterrains.

Sylla était parvenu à renverser une partie de la muraille, et les troupes d’Archelaüs, craignant à tout moment de voir écrouler le reste, se montraient consternées ; le consul, qui veut profiter de cet instant de trouble et de terreur, parcourt les rangs, prie les uns, menace les autres, montre à tous le moment comme décisif, et rafraîchit continuellement les points d’attaque.

Archelaüs, de son côté, ne s’épargnait pas ; il semblait commander partout en même temps. Sa résistance fut si vigoureuse, que les Romains ne purent même se loger sur la brêche, et qu’à la suite d’un carnage effroyable, ils se virent contraints de céder le terrain.

Le général de Pont avait profité de la nuit pour construire un nouveau mur avec des angles rentrans ; Sylla, persuadé que le ciment n’a pas encore eu le temps de durcir, fait de suite attaquer l’ouvrage. Cependant les troupes enfermées dans l’intérieur des angles, où elles présentaient le flanc, furent bientôt obligées à la retraite, et Sylla, reconnaissant l’inutilité de ses tentatives, tourna le siége en blocus.

La famine devenait si grande dans Athènes, que les morts servaient de nourriture aux vivans ; toutefois la résistance pouvait se prolonger encore, lorsque le général romain apprit par ses espions qu’une partie de la muraille était mal gardée. Dès la nuit suivante, il fit approcher des machines, et ses troupes entrèrent dans la ville. Sylla réunit alors tous ses efforts contre le Pyrée.

Le mur à angles rentrans, construit par les ordres d’Archelaüs, n’avait pas encore acquis toute la solidité que le temps pouvait seul lui donner ; Sylla parvint à l’abattre. Mais le général de Pont avait prévu cet événement, et plusieurs autres murs semblables étaient élevés derrière. Tant d’assauts à donner découragèrent les Romains.

Enfin, animés par les discours de Sylla, ils s’avancent pour assaillir le premier mur. Archelaüs déconcerté par une constance si rare, se retira dans la partie la plus forte du Pyrée, et s’embarqua ensuite pour se rendre en Thessalie, rassemblant aux Thermopyles tout ce que Mithridate avait de troupes dans la Grèce. Il se trouva ainsi à la tête de cent vingt mille hommes. Le général romain, devenu maître du Pyrée, y fit mettre le feu, et combla le port. (An 667 de Rome ; 87 avant notre ère.)

Si le siége d’Athènes offre un champ vaste aux réflexions, elles deviennent peu utiles aujourd’hui que tout a changé dans la manière d’attaquer et de défendre les places.

Remarquons cependant que Sylla y montre plus d’obstination que de science ; qu’il ne réussit qu’au prix de pertes d’hommes considérables ; et que si ce général n’eût pu continuer à se ménager des intelligences dans la place, il échouait devant cette entreprise. Les Romains se seraient donc retirés, après un siége de dix-huit mois.

Archelaüs déploie autant d’intrépidité, et se montre bien plus habile. Les usages ont changé dans cette partie de la guerre ; mais le général de Pont sera toujours un exemple de la fermeté que doit avoir celui qui défend une place, et des ressources qui lui restent