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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/203

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Celtes n’étaient ni les plus braves, ni les plus robustes, ni les plus civilisés de la Gaule.

Mais tous les peuples compris entre les Alpes, les Pyrénées, le Rhin et l’Océan, se montraient belliqueux à tel point que les auteurs de l’antiquité conviennent qu’ils n’en ont pas connu qui les égalassent en courage. Cet excès de valeur a peut-être nui long temps à leur civilisation.

Ils étaient divisés en une multitude d’états indépendants ; chacun avait ses armes, et marchait à la voix de son chef. Un combat décidait du sort de la guerre ; les vainqueurs et les vaincus se dispersaient bientôt.

Tant que les Gaulois furent libres, ils conservèrent quelques usages de la vie nomade : l’amour des forêts, l’habitude de communiquer entre eux à de grandes distances, celle de se réunir soudainement, et de suivre sans réflexion le téméraire qui proposait une entreprise hardie. De là ces assemblées fréquentes, ces guerres que les petits peuples de la Gaule se faisaient tous les ans dans l’intervalle des semailles et des moissons.

Les travaux de la terre étaient imparfaits ; cependant l’application de ces peuples à la défricher annonçait un commencement de civilisation. Ce fut pour eux la cause de nouveaux malheurs. Les aliments nés de l’agriculture devinrent l’appât qui attirait les hordes des Germains ; et, forcées de respecter les frontières de l’Italie, elles se précipitèrent de ce côté.

Les Gaulois formaient probablement autant de peuples qu’ils avaient compté de hordes errantes. César n’en fait pas le dénombrement général ; mais il en nomme près de quatre-vingts dans ses Mémoires. Tous ne possédaient pas des villes ; César en cite vingt-huit ou trente. Nous savons que les conquérants Romains ses prédécesseurs n’en trouvèrent que six.

Il n’est pas vraisemblable non plus que les Gaulois connussent alors un système de gouvernement, une constitution fondamentale. La force, les circonstances introduisirent quelques usages dont aucun ne paraît avoir été stable ou admis généralement. Des factions sans cesse renaissantes divisaient les nations, les villes, et jusques aux familles.

Chacun de ces peuples formait un gouvernement particulier. La plupart avaient un chef à qui César donne le nom de roi. Cependant le fils ne succédait point à son père, ou du moins lui succédait rarement.

Chez quelques-uns on élisait ce chef tous les ans ; ailleurs son autorité durait autant que sa vie. Tous avaient des assemblées de nobles ou notables, que César appelle sénat. Ce sénat jouissait d’un faible crédit.

Mais de quelle manière définir ces nobles ? Des patriciens, comme à Rome ; des hommes dont les pères s’étaient distingués jadis dans la guerre ? Descendaient-ils des Druides, ou bien se trouvaient-ils choisis par eux pour les défendre ? César ne le dit pas. Chez les nations nomades il existe des races distinguées ; leur origine remonte à ces divers accidents trop communs parmi ces Barbares. Elles sont issues pour la plupart de chefs des hordes.

Quand on lit avec attention les Mémoires de César, on voit que nulle autorité n’était affermie chez les Gaulois. Les plus braves, les plus riches, les plus téméraires se disputaient par les cabales et par les armes, la domination de leur cité, comme celle des peuples voisins.

On n’y trouve nulle trace de ces grandes idées si chères aux Grecs et aux Romains, telles que l’amour de la patrie, la liberté des citoyens, le respect

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