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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/235

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et même de charriots avec lesquels les naturels du pays avaient coutume de combattre. Les obstacles naturels rendaient le débarquement impossible ; il profita d’un vent favorable qui le porta environ huit milles plus au nord, et il aborda sur un rivage uni.

Les Bretons qui avaient suivi la flotte romaine se rangèrent en bataille ; mais ils furent battus, et dès que César devint maître de la côte, ils envoyèrent leur soumission. Une circonstance cependant vint les déterminer à reprendre les armes.

Quatre jours après le débarquement de l’infanterie romaine, la seconde division de la flotte qui portait la cavalerie se montra ; mais, avant d’atteindre le rivage, elle fut dispersée par une tempête. L’autre division qui avait apporté les légions, et qui se trouvait échouée sur la côte, devint également le jouet des flots ; car on était au temps des hautes marées de la pleine lune, phénomène que ne connaissaient pas les peuples d’Italie. La plupart des bâtimens furent mis en pièces ou éprouvèrent de grands dommages.

À la vue de ces désastres, les Bretons révoquent leur soumission, mettent des troupes nombreuses en campagne, et surprennent la 7e légion pendant qu’elle était au fourrage. César accourut avec la 10e, et fut assez heureux pour tirer l’autre du péril.

Malgré le manque de cavalerie, les Romains étant vainqueurs sur tous les points où l’on voulait leur opposer de la résistance, les Bretons se virent bientôt contraints de se livrer de nouveau à la merci du vainqueur. Les vaisseaux de César étaient en si mauvais état, qu’il ne crut pas devoir attendre les grosses mers de l’équinoxe ; il reprit la route du continent, et mit ses troupes en quartier d’hiver chez les Belges.

Dans l’examen que l’on voudrait faire de la conduite de César pendant cette campagne, il n’est pas aisé de démêler si la trève fut rompue par les troupes romaines ou par les Germains ; quoiqu’il paraisse difficile d’admettre que huit cents cavaliers aient osé en attaquer cinq mille, appuyés sur une infanterie formidable.

Détruire dans une bataille près de quatre cent mille individus, est un fait d’armes que l’homme de guerre ne comprend plus aujourd’hui, et qui se retrouve assez fréquemment dans l’histoire militaire de ces époques. Mais César craignait-il donc de se voir arrêter dans ses projets de conquêtes, en épargnant les femmes, les vieillards et les enfans ? Disons qu’il fut généralement blâmé à Rome.

L’incursion au-delà du Rhin représente assez une promenade militaire ; mais le pont sur le fleuve est un ouvrage digne de César. On reconnaît que les méthodes des anciens différaient peu des nôtres ; cependant comme ils chargeaient leurs armées le moins que possible de bagages, et qu’ils n’eurent jamais d’équipages de pont, ils étaient obligés de construire avec des matériaux rassemblés sur les lieux, et par conséquent variaient leurs moyens suivant les circonstances. Aussi voyons-nous qu’ils se servaient également de ponts de chevalets et de pilotis, ou de ponts de radeaux.

Afin d’affermir les bateaux contre le courant, on faisait descendre de la proue une corbeille d’osier faite en forme de pyramide et remplie de pierres choisies ; on employait aussi des sacs pleins de sable et même des ancres de fer. La difficulté que l’on devait éprouver quelquefois pour construire des bateaux ou des chevalets, et le temps qu’il fallait perdre, engagèrent plusieurs généraux à se servir d’outres remplies d’air.

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