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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/237

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est une toute autre rivière que le Rhin. Ce premier fleuve de l’Europe a là cinq cents toises de large, vingt-huit pieds de profondeur. Le Rhin à Cologne, dans le moment où César le passa, n’avait pas quinze pieds de profondeur.

« César échoua dans son incursion en Allemagne, puisqu’il n’obtint pas que la cavalerie de l’armée vaincue lui fut remise, pas plus qu’un acte de soumission des Suèves, qui au contraire le bravèrent. Il échoua également dans son incursion en Angleterre. Deux légions n’étaient plus suffisantes, il lui en eût fallu au moins quatre, et il n’avait pas de cavalerie, arme qui était indispensable dans un pays comme l’Angleterre. Il n’avait pas fait assez de préparatifs pour une expédition de cette importance : elle tourna à sa confusion, et on considéra comme un effet de sa bonne fortune qu’il s’en était retiré sans perte. »

5.

Les dangers que César avait courus lors de sa première descente en Bretagne devaient l’éclairer sur les précautions à prendre pour une seconde expédition. Par ses ordres on construisit un grand nombre de vaisseaux, dont il prescrivit la grandeur et la forme ; vaisseaux propres à transporter des hommes, des chevaux, du bagage ; garnis de voiles et de rameurs.

Le proconsul fut étonné des travaux immenses qui s’exécutèrent dans un seul hiver, et attribua ces incroyables résultats à l’affection de ses troupes. Les chemins, les vaisseaux, les arcs de triomphe, tout ce qui servait aux conquêtes de Rome ou pouvait en rehausser la grandeur, était fait par les soldats de la République, et n’en était que mieux fait.

L’ordre fut donné aux légions de se réunir vers le port d’Itius, qui serait Boulogne suivant les uns et Calais suivant d’autres. Ducange et d’Anville indiquent Whissant où le détroit paraît encore plus resserré.

Tandis que les troupes se rendent au lieu indiqué, César, qui ne veut pas perdre un moment, traverse la Gaule, et arrive sur les bords de la Moselle dans le pays trévirien (an 700 de Rome ; 54 av. notre ère). Deux chefs s’y disputaient l’autorité. Indutiomar cherchait l’appui des Germains ; Cingetorix mendiait celui de Rome.

À l’approche du proconsul, Cingetorix se rendit auprès de lui. Indutiomar s’enfonça dans la vaste forêt des Ardennes ; presque tous les habitans du pays en âge de porter les armes s’y réfugièrent aussi ; mais ceux que César appelle les nobles abandonnèrent Indutiomar. Il fut contraint d’amener deux cents otages, de livrer son propre fils et une partie de sa famille ; ce qui ne le rendit pas plus soumis.

Parlant toujours en maître, César recommande aux Trévires de prendre Cingetorix pour chef. On lui obéit, et le proconsul vole à ses vaisseaux.

Il avait résolu d’amener en Bretagne la cavalerie de toute la Gaule, et de se faire accompagner par ceux qui exerçaient quelque autorité dans les assemblées. Avec de l’adresse, César les attira près de lui.

Ce Dumnorix qui, chez les Ædues, s’était élevé contre César, dès le temps qu’il repoussait les Helvètes, reçut ainsi l’ordre de le suivre. Il s’excusa d’abord, et crut ensuite qu’il pourrait s’échapper à la faveur du désordre inséparable de ces grands préparatifs.

Il s’évade en effet avec la cavalerie æduenne. César qui l’observait suspend l’embarquement, fait poursuivre le fu-