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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/244

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qui précèdent assez ordinairement une action plus décisive, les troupes de César semblaient résister à peine ; sa cavalerie fuyait presque en désordre devant la cavalerie gauloise ; tout dans le camp présentait le spectacle de la crainte et de la confusion.

Le proconsul voulait ainsi persuader à son ennemi qu’il évitait de le combattre, et le rendre assez imprudent pour le décider à gravir la montagne sur laquelle était assis le camp romain. Si les Gaulois commettaient cette faute, ils en faisaient une autre ; car ils laissaient derrière eux un ruisseau qui embarrassait leur retraite en cas de revers.

L’événement justifia les calculs de César. Les Gaulois, aveuglés par leur supériorité numérique, imaginent qu’ils n’ont rien à craindre, sinon la fuite d’adversaires qui n’osent même pas se mesurer avec eux ; ils passent le ravin, se rangent en bataille, et, voyant que les Romains ne sortent pas de leurs lignes, s’avancent en désordre jusqu’au pied des retranchemens avec l’intention de les forcer.

César attendait en silence le moment favorable. À peine il donne le signal, que ses troupes sortent par toutes les portes. Les Gaulois, épouvantés de cette attaque soudaine, plient, et sont bientôt culbutés.

L’armée romaine ne trouva plus d’obstacles, et opéra dans la soirée même sa jonction avec Quintus Cicero. À peine un dixième des soldats de ce général était sans blessure. Le proconsul put juger par là des dangers que cette légion avait courus.

Les habitans de l’Armorique venaient aussi de prendre les armes à la nouvelle de la victoire d’Ambiorix ; ils se dispersèrent après sa déroute.

Pendant ce temps, Indutiomar, chef des Trévires et beau-père de Cingetorix, soulevait son pays, et invitait les Germains à se jeter sur la Gaule. Mais la défaite d’Arioviste et celles des Tenchthères les avaient tellement effrayés, qu’aucun peuple de la Germanie n’osa se liguer avec lui.

Le proconsul résolut de ne point quitter la Gaule pendant cette fermentation. Il prit ses quartiers d’hiver près de Samarobrive, sur la Somme, convoqua les principaux de la Gaule, et parvint à leur persuader qu’il surveillait toutes leurs démarches.

Indutiomar tenait aussi des assemblées, et en présida une en armes. Quand on fait une telle convocation, dit César, tout homme en âge de combattre est obligé de s’y rendre, armé. Ces assemblées se réunissaient au commencement de la guerre, et celui qui arrivait le dernier était mis à mort aux yeux de la nation. Coutume qui n’a pu exister que chez un peuple plongé dans la plus excessive barbarie.

Le chef gaulois fit déclarer ennemi de l’état Cingetorix, son gendre et le protégé de César. Ses biens furent saisis et vendus. Indutiomar assura qu’il était ligué avec les Carnutes et les Sénons ; ce qui prouve que ces peuplades n’assistaient point à cette assemblée. On y résolut d’attaquer la légion de Labienus.

Elle campait sur les frontières treviriennes ; Indutiomar y marcha en personne. Labienus, instruit de ce projet par Cingetorix, se préparait à cette attaque. Il manda aux Rèmes de lui envoyer autant de cavalerie qu’ils pouvaient en réunir à l’instant même, la fit entrer de nuit, et la cacha dans ses retranchemens.

Indutiomar parut bientôt, et Labienus, pendant plusieurs jours, se contenta de repousser légèrement les atta-