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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/249

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les préférer, avant tout, l’avantage d’occuper des positions qui dominent, prolongent, enfilent, les lignes ennemies, à l’avantage d’être couvert par un fossé, un parapet, ou toute autre pièce de fortification de campagne.

« La nature des armes décide de la composition des armées, des places de campagne, des marches, des positions, du campement, des ordres de bataille, du tracé et des profils des places fortes ; ce qui met une opposition constante entre le système de guerre des anciens et celui des modernes. Les armes anciennes voulaient l’ordre profond ; les modernes, l’ordre mince : les unes des places fortes saillantes ayant des tours et des murailles élevées ; les autres, des places rasantes, couvertes par des glacis de terre qui masquent la maçonnerie : les premières, des camps resserrés, où les hommes, les animaux et les magasins étaient réunis comme dans une ville ; les autres, des positions étendues.

« Si on disait aujourd’hui à un général : Vous aurez comme Cicéron, sous vos ordres, cinq mille hommes, seize pièces de canon, cinq mille outils de pionniers, cinq mille sacs à terre ; vous serez à portée d’une forêt, dans un terrain ordinaire ; dans quinze jours vous serez attaqué par une armée de soixante mille hommes, ayant cent vingt pièces de canon ; vous ne serez secouru que quatre-vingts ou quatre-vingt-seize heures après avoir été attaqué ; quels sont les ouvrages, quel sont les tracés, quels sont les profils que l’art lui prescrit ? L’art de l’ingénieur a-t-il des secrets qui puissent satisfaire à ce problème ? »

6.

La mort d’Indutiomar n’assurait pas la tranquillité des Gaules. Le proconsul comprit, au contraire, que son exemple et celui d’Ambiorix allaient ranimer toutes les espérances ; il s’occupa donc d’augmenter ses troupes, et se fortifia de trois légions. Ces secours demandés par César furent accordés du consentement unanime du sénat ; car Rome n’eut garde de tomber dans la fausse politique de Carthage.

Au reste, César ne s’était pas trompé dans ses prévisions ; des complots se tramaient sur tous les points de la Gaule ; les parens d’Indutiomar appelaient les Germains à leur secours. (An 701 de Rome, 53 avant notre ère.)

Un général aussi vigilant que se montre César ne pouvait laisser réunir ses ennemis, et rendre ainsi la guerre plus difficile. Sans attendre le retour de la saison militaire, il prend quatre légions, et va fondre à l’improviste sur les malheureux Nerves qui avaient fait cause commune avec les Éburons. Tout le pays fut en proie à ses ravages.

Cette expédition terminée, le proconsul revient sur ses pas et assemble les états de la Gaule. Il ne dit pas dans quel lieu ; ne nomme aucun des peuples, ni des chefs qui s’y trouvèrent. Nous savons seulement que les Sénons, les Carnutes (ceux de Chartres) et les Trévires ne s’y rendirent pas. Cette circonstance semble indiquer que tous les autres y envoyèrent leurs députés.

Irrité de l’absence de ces trois peuples, et la regardant comme un commencement de révolte, César transfère l’assemblée à Lutèce, pour se rapprocher des Carnutes et des Sénons.

Lutèce, le chef-lieu, la cité du peuple parisien, était contenue tout entière dans une très-petite île située entre deux bras de la Seine ; on s’y renfermait au temps des incursions. Un

ii. 16