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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/25

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les ennemis sont battus, et la guerre est terminée. C’est une campagne de quatre jours, y compris les deux termes, la levée des troupes et la victoire.

Le soldat d’infanterie entrait au service à dix-sept ans, et en sortait à quarante-six. Mais le service n’était pas continu pendant ces trente années. Du temps de la république, on pouvait en interrompre la durée ; il suffisait que, pendant cet espace de trente ans, le citoyen en eût consacré seize à la patrie. Quand Auguste rendit les légions perpétuelles, on ne pouvait plus quitter les armes que le service ne fût achevé.

Cet âge de dix-sept ans était une condition tellement essentielle dans le soldat, que si un jeune Romain, emporté par une ardeur prématurée, s’enrôlait volontairement avant ce terme, on ne lui tenait compte de son engagement que le jour où il avait atteint ses dix-sept années.

Dans le temps de la seconde guerre punique, comme la jeunesse manquait à Rome, le sénat ordonna d’envoyer dans l’Italie six commissaires pour enrôler tout ce qu’ils trouveraient de gens libres, capables de soutenir les fatigues de la guerre, quand même ils n’auraient pas encore atteint l’âge ; et par ce même arrêt, les tribuns étaient invités à proposer au peuple de compter à ces jeunes soldats, toutes leurs années de service. Ce n’est pas le seul exemple où nous voyions les règlemens sur l’âge militaire céder à l’intérêt de la république, cette loi souveraine qui dérogeait à toutes les autres.

Sous les empereurs, les règles devinrent arbitraires, ainsi que leur puissance. Hadrien avait commencé sa carrière militaire à quinze ans. Il défendit, dans la suite, de recevoir des soldats trop jeunes, et de les retenir au-delà de l’âge fixé par les lois anciennes ; mais l’abus continua. Misithée, beau-père et ministre du jeune Gordien, voulut inutilement rétablir l’ancien usage ; cette réforme céda bientôt à la corruption qui altérait toutes les parties de la discipline. Les lois de Constantin, de Constance, et de Valentinien, déterminent l’âge du service tantôt à seize, souvent à dix-huit, à dix-neuf, et même à vingt ans.

Quelquefois les généraux, sans ordre particulier du sénat, rappelaient les soldats vétérans ; mais on ne les forçait pas. On recevait ceux qui s’offraient volontairement ; et en reprenant les armes, ils n’étaient pas confondus dans le nombre des soldats ordinaires. Le titre d’evocati par lequel on les désignait alors, leur donnait un rang distingué ; et ils portaient un étendard particulier nommé vexille.

On lit dans Tacite que les légions révoltées dès le commencement du règne de Tibère, se plaignent qu’on les retient même après leur avoir donné des congés. Il n’y avait plus rien de fixe pour la durée du service et l’âge de la vétérance. Cependant Mécène, entre les avis qu’il donne à Auguste, veut que le terme du service soit marqué à un âge qui laisse aux soldats le temps de se ménager une vieillesse tranquille.

Les Romains étaient petits, et César rapporte que les Gaulois les méprisaient à cause de leur taille. Strabon dit qu’il a vu à Rome de jeunes Bretons qui surpassaient d’un demi-pied les plus grands des Romains. Il semble qu’une haute stature soit en effet la première des qualités que l’on doive rechercher dans un soldat, et Pyrrhus disait à son commissaire des levées : choisis les grands, je les rendrai forts.

Cependant, il est certain que les Romains s’attachaient bien plus à la force qu’à la taille, et en cela on peut dire

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