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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/254

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bien que, s’il pouvait surprendre quelques-uns de ses ennemis et les mettre hors d’état de faire une diversion dangereuse, il viendrait aisément à bout des autres. On ne peut qu’admirer l’activité de César et cette pénétration étonnante qui lui indiquait toujours le meilleur parti à prendre et le plus important.

« Le second passage du Rhin qu’effectua César n’a pas eu plus de résultat que le premier, dit Napoléon ; il ne laissa aucune trace en Allemagne ; il n’osa pas même établir une forteresse en forme de tête de pont. Tout ce qu’il raconte de ces pays, les idées obscures qu’il en a, font connaître à quel degré de barbarie était encore alors réduite cette partie du monde, aujourd’hui si civilisée. Il n’a également sur l’Angleterre que des notions fort obscures. »

7.

Le meurtre de Dumnorix, la mort d’Indutiomar, l’emprisonnement de Cativulke, la fuite d’Ambiorix, le supplice d’Acco, la vente des Aduatikes et des Venètes, le massacre des Nerves et des Éburons, intimidèrent moins les Gaulois qu’ils ne leur inspirèrent de haine pour le nom romain. César, qui n’était pas né sévère, aurait dû le prévoir.

Il nous apprend lui-même que, pendant son absence, les chefs de la Gaule s’assemblèrent dans les bois. C’était autant l’effet de l’usage que celui de la crainte. Ils s’indignent d’être exposés à de tels outrages, jurent sur leurs enseignes de rester fidèles à la cause commune, et de mourir avant de perdre la liberté.

Les Carnutes, que le désir de venger Acco animait plus que les autres, se rangèrent sous la conduite de Cotuat et de Conetodum ; ils donnèrent le signal de la révolution, en massacrant dans Genabum (Orléans) tous les marchands romains. (An 702 de Rome ; 52 avant notre ère.)

En même temps, le jeune Vercingetorix faisait soulever les Arvernes (Auvergnats). Il était fils de Celtillus, qui eut le gouvernement de la Gaule, et périt coupable de conspiration contre la liberté de son pays. Si César, qui nous apprend ce fait, ne s’est point trompé, il faut que les Gaulois de la Celtique, après l’horrible incursion des Cimbres, aient pris la résolution de se réunir quelque temps sous un chef pour devenir plus forts.

Le fils de Celtillus, moins ambitieux que son père, voulut recourir à la force des armes. Son oncle Gobanitio et les principaux du pays s’opposèrent à son projet et le chassèrent de Gergovie. Quelques écrivains prennent cette ville pour celle de Clermont, d’autres indiquent Saint-Flour ; d’Anville croit la reconnaître dans un monceau de ruines à deux lieues au sud de Clermont.

Le jeune Vercingetorix, banni de sa ville natale, y rentra par une faction. Il chassa son oncle et ceux qui l’avaient secondé, et engagea dans son parti les Sénons, les Parises, les Pictons, les Cadurkes, les Turons, les Aulerkes, les Lemovikes et les Andes. Tous ces peupies habitaient de la Dordogne à la Seine. Ceux qui se trouvaient au nord de l’Océan entrèrent dans cette ligue, et tous reconnurent pour chef Vercingetorix. Il se fit donner des otages et des troupes.

Le Cadurke Lucterius devait faire soulever les peuples Gaulois voisins de la province romaine, et tenter ensuite une irruption contre cette province même. Ses projets furent déconcertés