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bas de la poitrine. Mais on voit que cette coutume changea. Josèphe, dans son excellente histoire de la guerre des Juifs, dit que les fantassins portaient deux épées, l’une plus longue, à gauche, (celle dont parle Polybe) ; l’autre, qui n’était qu’un poignard de neuf pouces, se plaçait à droite.

L’épée romaine mesurait vingt-deux pouces et demi ; sa largeur était de quinze lignes à la poignée ; vers la pointe, elle n’offrait plus que six lignes, et finissait en langue de carpe. Ce glaive était épais, pesant, tranchant des deux côtés. La poignée, en forme de bec d’aigle, présentait six pouces de long et quatre de circonférence ; la traverse, quatre pouces et demi de long et quatre lignes de hauteur.

Tite-Live, dans la guerre de Macédoine, rapporte avec énergie l’effroi des Grecs, accoutumés aux blessures de flèches et de javelots, lorsqu’après un combat contre les Romains, ils virent des troncs sans bras et sans tête, des entrailles découvertes et d’autres plaies horribles, faites d’un seul coup de l’épée romaine. Elle donnait surtout de grands avantages contre les Gaulois dont les armes longues et mal trempées n’agissaient que du coupant, se recourbaient et pliaient d’abord. L’épée romaine frappant d’estoc et de taille, aucun corselet ne résistait à sa pointe, pas un casque ou un bouclier n’était capable d’affronter son tranchant. C’était une hache dans la main de l’homme vigoureux.

Le soldat romain portait des bottines, et celle de la jambe droite était mieux garnie, comme plus exposée dans le combat de pied ferme.

La tête du légionnaire se trouvait garantie par un casque de cuir, recouvert de bandes de cuivre, et surmonté d’un panache de trois plumes noires d’une coudée de haut. Polybe dit qu’à-l’œil, cet ornement élevait la taille du soldat et lui donnait un air terrible. Les armés à la légère n’eurent jamais sur la tête qu’un simple bonnet fait de peau de loup ou de quelqu’autre animal.

Les cuirasses étaient composées de deux parties. Le haut formait un double corselet qui descendait jusqu’à l’estomac et se réunissait par des agrafes ou boutons. Ce corselet, bien échancré pour le mouvement du cou, était ordinairement d’une seule lame de cuivre ou en fer bien forgé et pas trop épais. Le bas se composait de bandes de cuir couvertes de lames de métal qui entouraient horizontalement le ventre et les hanches, et dont les bouts, après avoir été bouclés, retombaient par devant. Cette cuirasse se trouvait assurée par quatre bandes de chaque côté, qui couvraient les épaules et venaient se rattacher aux autres par des boutons. Dans les premiers temps, les soldats portaient un plastron d’airain, et les citoyens appartenant à la première classe le recouvraient d’une cotte de mailles.

L’ancien bouclier (clypeus), avait été tout-à-fait circulaire et concave, de cuivre ou de fer. Les Romains l’abandonnèrent pour le scutum, de forme quadrangulaire et concave, de trente pouces de large (vingt-sept pouces, trois lignes), et de quatre pieds (quarante-trois pouces, six lignes) de haut. Ce bouclier, composé d’un double rang de planches jointes avec de la colle de taureau, était recouvert d’une toile, puis d’une peau de veau. On garnissait les deux côtés courbes d’une lame de fer, et le centre présentait un bouton pointu. Le scutum devint commun à toute l’infanterie pesante. Le bouclier des armés à la légère (parma) était rond, et de trois pieds (trente-deux pouces, sept lignes) de diamètre.