Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/533

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
525
POLYBE, LIV. IV.

À Corinthe il tint conseil sur les affaires présentes avec ceux qui lui étaient venus des villes alliées, et délibéra avec eux sur les mesures qu’il fallait prendre à l’égard des Étoliens. Les Béotiens les accusaient d’avoir pendant la paix pillé le temple de Minerve Itonia ; les Phocéens de s’être mis en campagne pour emporter de force Ambryson et Daulion ; les Épirotes d’avoir ravagé leur province ; les Acarnaniens d’avoir fait de sourdes menées contre la ville de Thyrée, et d’avoir osé l’insulter de nuit ; les Achéens d’avoir envahi Clarion dans le pays des Mégalopolitains, d’avoir ravagé les terres des Patréens, et des Pharéens, d’avoir mis Cynèthe au pillage, d’avoir pillé le temple de Diane proche de Louysse, d’avoir assiégé Clitorie, d’avoir tenté sur mer de s’emparer de Pyles, et sur terre de Mégalopolis d’Illyrie, qui ne faisait que de commencer à se repeupler. Après avoir entendu toutes ces accusations, le conseil conclut unanimement qu’il fallait déclarer la guerre aux Étoliens.

Dans le décret qu’on en fit, et à la tête duquel on avait déduit toutes les accusations précédentes, le conseil déclarait qu’en faveur des alliés on se réunirait pour reprendre sur les Étoliens quelque ville ou quelque pays qu’ils eussent envahi depuis la mort de Demetrius père de Philippe ; que ceux qui par force avaient été contraints d’entrer dans le gouvernement des Étoliens seraient tous rétablis dans leur gouvernement naturel, et qu’ils seraient remis en possession de leur pays et de leurs villes, sans garnison, sans impôt, parfaitement libres et sans autres lois que celles de leurs pères ; enfin que l’on remettrait en vigueur les lois des amphictyons, et qu’on leur rendrait le temple dont les Étoliens avaient voulu se rendre les maîtres. Ce décret fut ratifié la première année de la cent quarantième olympiade, et ce fut le commencement de la guerre appelée sociale ou des alliés, commencement qui ne pouvait être ni plus juste ni plus propre à réparer les désordres passés.




CHAPITRE VII.


Philippe vient au conseil des Achéens. — Scopas est fait préteur chez les Étoliens — Philippe retourne en Macédoine. — Il attire Scerdilaïdas dans le parti des alliés.


Le conseil envoya aussitôt des députés aux alliés, afin que tous donnassent leur suffrage au décret, et prissent les armes contre les Étoliens. Philippe écrivit aussi aux Étoliens, pour les avertir que s’ils avaient de quoi se justifier, ils n’avaient qu’à se présenter à l’assemblée publique ; mais qu’ils se trompaient grossièrement, si, après avoir, sans un décret public, porté le ravage chez tous leurs voisins, ils s’imaginaient que ceux qui avaient été maltraités laisseraient ces brigandages impunis, ou qu’en se vengeant ils passeraient pour avoir les premiers commencé la guerre. Cette lettre reçue, les chefs des Étoliens, qui se flattaient de l’espoir que Philippe ne viendrait pas, prirent jour pour venir trouver le roi à Rhios ; puis, sur l’avis qu’il était arrivé, ils lui firent savoir par une lettre qu’avant l’assemblée du peuple, ils n’avaient pas droit de rien décider par eux‑mêmes sur les affaires d’état. Pour les Achéens, ils confirmèrent le décret dans une assemblée à Égion, et ordonnèrent par un héraut de faire la guerre aux Étoliens. Le roi vint à ce conseil ; il y fit un long discours, qui fut parfaitement bien reçu, et on lui renouvela toutes les protestations d’amitié et de fidélité qui avaient autrefois été faites à ses ancêtres.