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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/553

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POLYBE, LIV. IV.

arrivée, se logea dans certains poste avantageux, tailla en pièces la plus grande partie de ces troupes : le reste fut fait prisonnier, très-peu lui échappèrent. Puis ayant fait distribuer à son armée du blé pour trente jours (car les magasins de la ville en étaient pleins), il s’avança vers Strate, et campa à dix stades de la ville, le long de l’Achéloüs. De là il ravagea impunément le pays, sans que personne osât lui résister.

Dans ce temps‑là, les affaires tournaient mal pour les Achéens. Sur le bruit que Philippe était proche, ils lui envoyèrent des ambassadeurs pour le prier de vouloir bien les secourir. Ils eurent audience de lui à Strate, et, entre autres choses que portaient les instructions, ils lui firent voir les avantages que son armée tirerait de cette guerre ; que pour cela il n’avait qu’à doubler le cap de Rhios et à se jeter sur l’Élide. Philippe, après les avoir entendus, dit qu’il verrait ce qu’il aurait à faire, et cependant donna ordre qu’on les retînt, sous prétexte qu’il avait quelque chose à leur communiquer, puis il leva le camp et marcha vers Métropolis et Conope. Alors les Étoliens se réfugièrent dans la citadelle de Métropolis, et quittèrent la ville. Philippe y fit mettre le feu, et avança sans arrêter vers Conope.

La cavalerie étolienne se présenta pour lui disputer le passage du fleuve, à vingt stades de la ville : elle espérait, ou qu’elle arrêterait le roi, ou que du moins le passage coûterait cher à son armée. Philippe, qui prévit leur dessein, commanda aux soldats armés de boucliers couverts de cuir, de se jeter dans le fleuve, et de le traverser par bataillons et en faisant la tortue. Cela fut exécuté. Quand la première troupe fut passée, la cavalerie étolienne chargea ; mais comme cette troupe ne s’ébranlait pas, et que la seconde et la troisième passaient pour l’appuyer, les Étoliens ne jugèrent pas à propos d’engager le combat, ils reprirent le chemin de la ville, et n’osèrent plus dans la suite faire les fanfarons que derrière des murailles. Le roi passa donc l’Achéloüs, porta le ravage dans la campagne, et s’approcha d’Itorie. C’est une place également fortifiée par la nature et par l’art, et située sur la route où le roi devait passer. La garnison épouvantée n’attendit pas pour déloger que Philippe fût arrivé. La citadelle fut rasée, et les fourrageurs eurent ordre de faire la même chose de tous les autres forts du pays. Les défilés passés, il marcha lentement, donnant aux troupes le temps de piller la campagne ; et quand elles se furent suffisamment fournies de tout ce qui leur était nécessaire, il vint aux Oéniades, et de là à Péanion, qu’il résolut d’abord de prendre. Il le prit en effet après quelques assauts vigoureux. Cette ville n’était pas d’un grand circuit, cela n’allait pas jusqu’à sept stades ; mais à juger de cette ville par ses maisons, ses murailles et ses tours, elle n’était pas indifférente. Les murailles furent renversées, et les bâtimens démolis. Quant aux matériaux, le roi les fit transporter par le fleuve sur des radeaux jusqu’aux Oéniades. Les Étoliens avaient d’abord fortifié la citadelle de cette ville de murailles, ils l’avaient fournie de toutes sortes de munitions ; cependant ils n’eurent pas la résolution de soutenir le siége ; à l’approche de Philippe ils se retirèrent. Maître de cette ville, il passa à un fort du pays des Calydoniens nommé Élée, fortifié de murailles et plein de munitions de guerre, données par Attalus aux Étoliens. Les Macédoniens prirent encore ce fort d’emblée, et, ayant ra-

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