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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/606

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POLYBE, LIV. V.

les Selgiens, après avoir conféré avec lui, s’attendaient à l’accommodement du monde le plus avantageux. Pendant ce temps-là Logbasis rassembla des soldats d’Achéus dans sa maison, ne laissant pas toujours de conseiller aux Selgiens de tenir des conseils sur l’affaire présente, de ne point laisser échapper l’occasion et de conclure enfin un traité. On s’assembla en effet, et, comme si la chose devait se terminer, on fit venir à l’assemblée jusqu’aux sentinelles. Alors Logbasis donna le signal aux ennemis, fit prendre les armes aux soldats qu’il avait chez lui, en prit lui-même et en donna à ses enfans. Achéus s’approche de la ville avec la moitié de l’armée, et Garsyéris avec le reste s’avance vers un temple de Jupiter, qui commande la ville et en est comme la citadelle. Un pâtre s’aperçoit par hasard de la trahison, et en avertit l’assemblée. Aussitôt les soldats courent, les uns à Cestédion, c’est le nom du temple ; les autres aux corps-de-garde, et le peuple en fureur à la maison de Logbasis, où la trahison ayant été découverte, une partie monte sur le toit, les autres forcent les portes du vestibule, et massacrent Logbasis, ses enfans et tous les autres qui étaient dans la maison. Ensuite on annonça la liberté aux esclaves, et l’on partagea les forces pour aller à la défense des postes avantageux. Garsyéris tâcha d’approcher de Cestédion, dès qu’il vit que les assiégés s’en étaient emparés, et Achéus de rompre les portes de la ville ; mais les Selgiens firent une sortie qui lui coûta sept cents hommes, et obligea le reste à abandonner l’entreprise, en sorte que lui et Garsyéris prirent le parti de rentrer dans leurs retranchemens.

Les Selgiens alors, craignant qu’il ne s’élevât parmi eux quelque sédition, craignant aussi de nouvelles attaques de la part de l’ennemi, envoyèrent à Achéus les plus anciens de la ville avec les insignes ordinaires de la paix, et un traité qui portait « qu’ils donneraient sur-le-champ quatre cents talens, qu’ils rendraient aux Pednélissiens les prisonniers, et qu’a quelque temps de là ils payeraient trois cents autres talens. » C’est ainsi que les Selgiens sauvèrent leur patrie du péril où la trahison de Logbasis l’avait jetée. Ce courage était digne de leur liberté, et de l’alliance qu’ils avaient avec les Lacédémoniens. Pour Achéus, après avoir pris Milyade et rangé sous sa domination la plus grande partie de la Pamphylie, il alla à Sardes, fit une guerre continuelle à Attalus, menaça Prusias, et se rendit formidable à tout le pays d’en deçà du mont Taurus.

Dans le temps qu’Achéus était occupé au siége de Selge, Attalus parcourait avec un corps de Gaulois Tectosages les villes d’Élide et toutes les autres villes voisines qui, par crainte, s’étaient auparavant rendues à Achée. La plupart se donnèrent à lui de bonne grâce, et regardèrent même comme un bienfait qu’il voulût bien les prendre sous sa protection. Peu attendirent qu’on les réduisît par la force. Celles qui le reçurent de bon gré, furent Cumes, Smyrne, Phocée ; Égée et Temnos craignirent qu’il ne marchât contre elles, et firent comme les autres. Les Téyens et les Colophoniens lui envoyèrent aussi des ambassadeurs, et se rendirent à lui, eux et leurs villes. Il les reçut aux mêmes conditions qu’auparavant, et prit des otages. Il ne traita personne avec plus de douceur que les ambassadeurs des Smyrnéens, en reconnaissance de la fidélité qu’ils lui avaient gardée. Ensuite il continua d’avancer, et, ayant passé le Lyque, il entra dans