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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/67

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relâchement amena aussi la coutume d’avoir sous la tunique une chemise de lin.

Tels étaient les vêtemens habituels du légionnaire. Il y en avait d’autres qui s’employaient dans certaines occasions, comme la penula, surtout de grosse laine, plus pesant que la toge, long, étroit, fendu seulement par le haut, et que l’on vêtait en passant la tête dans cette ouverture. Ce surtout était de couleur brune, et avait un capuchon. Les soldats le portaient pendant les marches et les factions, en temps de pluie, ou en hiver dans les pays froids.

La penula avait beaucoup de rapport avec la lacerna. Il paraît que ce dernier vêtement se mettait sur la toge, tandis que l’autre en tenait lieu ; ce qui peut faire supposer que la lacerna était d’une étoffe plus fine et plus légère. On en variait les couleurs.

Quoi qu’il en soit, la lacerna tirait certainement son origine de l’usage militaire, puisque l’on distinguait les citadins des gens de guerre, en appelant les premiers togatos, et les autres lacernatos.

Pendant les discordes civiles, l’esprit guerrier, la vue continuelle des soldats, et leur mélange avec les autres citoyens, introduisirent plusieurs coutumes du camp dans la vie civile. La lacerna était encore une chose insolite du temps de Cicéron, comme on le voit par la seconde philippique où il reproche à Antoine d’être entré dans Rome cum caligis et lacernâ. Mais bientôt ce vêtement devint si commun, qu’Auguste chargea les édiles d’empêcher qu’on ne parût avec un costume aussi peu décent dans le forum et dans le cirque.

Parmi les vêtemens militaires, on trouve encore l’abolla, qui paraît avoir été un habit de parure ; cirratæ, espèces de casaques qui ne différaient peut-être des autres vêtemens que par les longs poils ou les franges qui les couvraient ; enfin le cucullus, capuce qui servait de déguisement à Messaline.

Il y avait tant de ressemblance entre le sagum et le paludamentum, que les auteurs prennent fréquemment l’un pour l’autre. Le paludamentum n’était que la cotte d’armes du général, et le sagum, celle du soldat. L’un et l’autre portaient également le nom de clamys. Ils différaient cependant par la couleur, et aussi par quelques ornemens ; mais la forme était la même, quoique le vêtement du général parût descendre plus bas. Celui-ci était d’écarlate, quelquefois teint en pourpre, et souvent de couleur blanche. Sagum, la saie, venait de la Gaule ; il est remarquable que la plupart des habits militaires des Romains furent empruntés aux Gaulois.

La cotte d’armes du général et celle du soldat se nouaient sur l’épaule droite, ou s’y fixaient avec une agrafe. Elles furent d’abord de fer et de cuivre ; le luxe y introduisit l’argent, l’or et les pierreries.

On voit, sur la colonne Trajane, les soldats romains porter des hauts-de chausses qui descendent jusque au-dessous du gras de la jambe, et rejoignent la chaussure : c’est ce qu’on nomme braccæ. Mais cet usage s’introduisit seulement sous Auguste. Avant cette époque, les jambes des soldats n’avaient d’autre enveloppe que des bottines (ocreas) ; et dans la ville, ces membres restaient nus sous la toge. Les entourer de bandes d’étoffe, passe pour un acte de mollesse que se permettent rarement les gens les plus délicats.

La cavalerie s’habillait comme l’infanterie, excepté les jours de cérémonie où les cavaliers prenaient la trabea. Quand la cavalerie légionnaire fut sépa-