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Cette paye qui avait été d’un tiers de denier avant César, doubla depuis cet illustre capitaine jusqu’à Domitien, qui l’augmenta d’un quart. Elle subit même encore des accroissemens passagers sous les empereurs suivans, alors qu’ils voulaient attacher les soldats à leur personne, acheter d’eux quelque action atroce à commettre, et plus souvent peut-être l’approbation de forfaits commis.

Lorsqu’une ville ou un camp étaient livrés au pillage, les tribuns faisaient choix d’un certain nombre de soldats qui se répandaient dans les maisons, recueillaient le butin, et le rapportaient à leur légion. La moitié des troupes au moins restait sous les armes, en bataille sur les places publiques.

Les tribuns réunissaient la totalité du butin, et présidaient à la vente qui s’en faisait par les soins du questeur, comme à la répartition de la part que le général accordait aux soldats. On leur en donnait sur-le-champ la moitié ; le surplus était mis en dépôt aux enseignes.

Chaque légion formait dix bourses, une par cohorte ; et de ces dix bourses on en tirait une onzième destinée aux funérailles des soldats de la légion. Les hommes de garde, ceux qui se trouvaient détachés pour un service militaire quelconque, les malades même, étaient compris dans le partage du butin.

Les consuls, proconsuls, lieutenans, préteurs et en général tous les officiers placés dans ces hautes dignités, ne recevaient d’autre récompense de leurs services que l’honneur. Seulement la république subvenait aux dépenses nécessaires pour leurs commissions et leurs équipages. Ils avaient un petit nombre déterminé d’esclaves, et ne pouvaient l’augmenter.

Un consul était accompagné de douze licteurs qui portaient des haches et des verges. Un dictateur en avait vingt-quatre. Lorsque le consul ou le dictateur voulait récompenser quelqu’un, il le plaçait à côté de lui sur son tribunal, et le louait en présence de l’armée. Ensuite il lui donnait une couronne, ou telle autre récompense due à son action.

Les fautes contre la discipline étaient punies avec promptitude et sévérité. Le dictateur et les consuls frappaient de la hache l’officier comme le simple légionnaire. Cette grande autorité des chefs, l’extrême soumission des subalternes, la connaissance que les uns et les autres avaient de leur état et de leurs devoirs, rendaient la subordination si parfaite dans les armées, qu’elles semblaient n’avoir qu’une âme.

Le général seul avait droit de faire sonner le classicum. Ce n’était pas un instrument particulier, comme ceux que l’on désigne dans les armées romaines sous les noms de lituus, tuba, buccina, cornicen ; le classicum indique un air que pouvait exprimer également le cor et la trompette.

Pompée se réunissant à Scipion, et le recevant avec ses légions, avant la bataille de Pharsale, partage avec lui les honneurs de général ; honneurs que César place dans deux choses, le droit de faire sonner l’appel des troupes, et le privilège d’occuper la tente nommée prætorium.

Du temps de Bélisaire, l’art de varier les airs de la trompette était perdu, comme bien d’autres enseignemens de l’ancienne milice ; on se servait de la voix. Comme les soldats manquaient souvent faute d’avoir bien entendu l’ordre, Procope conseilla d’employer le clairon de la cavalerie dans la charge, et de réserver la trompette de l’infanterie pour la retraite.