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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/725

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POLYBE, LIV. X.

peut souvent être entraînée à des actes insensés qui pourraient exposer un état sans défense. (In cod. Urb.) Schweigh.


Philopœmen.


Euryléon, préteur des Achéens, était un homme sans courage et sans connaissance de la guerre. Mais puisque nous sommes arrivés au temps où Philopœmen va paraître en scène, il est à propos que nous fassions pour lui ce que nous avons fait pour les autres grands citoyens, et que nous fassions connaître quel était son caractère, et à quelle école il avait été instruit ; car je ne puis souffrir ces historiens qui nous entretiennent long-temps de l’origine des villes, où elles sont situées, nous disent par qui et comment elle ont été bâties, nous expliquent avec soin leur construction et leurs révolutions diverses, et qui négligent de nous parler des grands hommes auxquels a été confiée l’administration de la république, et de nous raconter par quels travaux, par quelles études, ils sont arrivés à ce point d’éminence. Cependant combien tirerait-on plus d’utilité de l’un que de l’autre ! Il n’y a dans la description d’un édifice rien pour notre émulation, rien pour notre instruction morale ; mais, en apprenant les inclinations d’un grand homme bien né, nous sommes portés à nous le proposer pour modèle et à marcher sur ses traces. C’est pour cela que si, dans un volume particulier, je n’avais pas traité de Philopœmen et si je n’avais raconté ce qu’il a été, quels furent ses maîtres, et par quelles études il se forma dans sa jeunesse, je me croirais obligé d’entrer ici dans ces détails ; mais comme dans trois livres que j’ai consacrés à sa mémoire, en dehors de l’histoire présente, j’ai rapporté l’éducation qu’il avait reçue et ses actions les plus mémorables, il est à propos que j’omette dans cette histoire générale tout ce qui est relatif à ses premières années et que je m’étende au contraire avec de nouveaux détails sur tout ce qu’il a fait dans son âge mûr, et que je n’avais touché qu’en passant dans mon précédent ouvrage. Ainsi chacun des deux ouvrages sera maintenu dans les règles de l’art : dans le premier on ne pouvait demander de moi qu’un tableau louangeur et orné de ses actions : c’était moins une histoire qu’un éloge que je m’étais proposé ; mais celui-ci est une histoire où le blâme et la louange ont également place, et où par conséquent les faits doivent être vrais, appuyés de preuves et accompagnés de réflexions. Entrons donc en matière.

Philopœmen naquit de parens illustres ; il tirait son origine des familles les plus distinguées. Il eut pour premier maître Cléandre, noble Mantinéen, qui avait droit d’hospitalité chez son père, et qui était alors banni de sa patrie. Adolescent il se fit disciple d’Ecdème et de Démophane, qui nés l’un et l’autre à Mégalopolis, s’étaient exilés de leur patrie par haine pour les tyrans, et s’étaient retirés chez le philosophe Arcésilas. Pendant leur fuite, ayant tramé une conspiration contre Aristodème, ils remirent leur pays en liberté, et furent d’un grand secours à Aratus pour délivrer les Sicyoniens de leur tyran Nicoclès. Appelés ensuite par les Cyrénéens, ils gouvernèrent ce peuple avec beaucoup de sagesse et le maintinrent en liberté. Formé par ces deux Mégalopolitains, Philopœmen se distingua dès sa jeunesse parmi ses égaux, soit à la chasse, soit dans la guerre, par son ardeur infatigable dans l’une et dans l’autre, et par son courage. Il