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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/729

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POLYBE, LIV. X.

rochers même. Aussi Diogène, ayant pris, pour monter, un autre chemin que la ravine, n’eut pas plus tôt fondu sur le premier poste des ennemis, que tout changea de face. À peine en fut-on venu aux mains, que Diogène saisit l’occasion de gagner le dessus, et, en marchant par des routes détournées, de se poster plus haut que les ennemis, qu’il fit alors accabler de traits et de pierres lancées à la main. Ce qui incommoda le plus ces Barbares furent les pierres jetées de loin avec les frondes. Les premiers chassés et leur poste emporté, les pionniers, à mesure que l’on avance, nettoient et aplanissent les chemins, ce qui était bientôt fait, parce qu’on y employait un grand nombre d’ouvriers. Aussitôt les frondeurs, les archers et ceux qui lançaient des javelots courent de côté et d’autre sur le haut, s’assemblent et s’emparent des meilleurs postes, pendant que les soldats pesamment armés montent en bon ordre par la ravine. Les Barbares effrayés se retirent et se ramassent sur le sommet de la montagne, et Antiochus sort enfin du détroit sans coup férir, avec lenteur cependant et beaucoup de peine, car il ne parvint qu’au bout de huit jours au sommet. Les Barbares s’y étant assemblés dans l’espérance d’empêcher que leurs ennemis n’en approchassent, il se livra là un combat fort opiniâtre, où les Barbares furent repoussés, parce que, bien qu’ils combattissent serrés de front et avec beaucoup de valeur contre la phalange, dès qu’ils virent que les troupes légères étaient arrivées par un long circuit pendant la nuit, et qu’elles s’étaient postées derrière eux sur des endroits qui les dominaient, la frayeur les saisit et ils prirent la fuite. Antiochus ne voulut pas qu’on les poursuivit et fit sonner la retraite, dans le dessein de descendre serré et en bon ordre dans l’Hyrcanie. Ayant donc réglé sa marche comme il souhaitait, il arrive à Tambrace, ville qui, quoique sans murailles, est cependant considérable, tant par le palais du roi que par l’étendue de son enceinte. Il campa en cet endroit ; mais comme la plupart des Barbares après le combat, aussi bien que les peuples du voisinage, s’étaient retirés à Syringe, ville peu éloignée de Tambrace, et qui, pour sa force et ses autres avantages, est comme la capitale de l’Hyrcanie, il forma le dessein de la réduire en sa puissance. Il fait donc avancer là son armée, il campe tout autour et commence le siége. La plupart de ses moyens d’attaque consistaient en tortues pour mettre à couvert les travailleurs ; car la ville était entourée de trois fossés, larges chacun de trente coudées et profonds de quinze, sur les deux bords desquels il y avait double rempart et au-delà une forte muraille. C’étaient là des combats continuels ; à peine pouvait-on suffire de part et d’autre à transporter les morts et les blessés : car on ne combattait pas seulement sur terre, mais encore dessous, dans les mines qu’on y avait creusées. Cependant, à force de monde et de valeur de la part d’Antiochus, les fossés furent bientôt comblés, et la muraille ne tarda pas à crouler sur les mines qu’on avait faites dessous. Alors les Barbares, ne voyant plus de ressource, tuèrent tous les Grecs qui étaient dans la ville, et, après avoir pillé tout ce qu’il y avait de meubles précieux, en sortirent pendant la nuit. Antiochus mit à leur poursuite Hyperbasis avec les mercenaires étrangers. Ils ne l’eurent pas plus tôt aperçu, qu’ils jetèrent leurs bagages et revinrent dans la ville ; mais, les soldats pesamment armés montant par la brèche, ils perdirent toute espérance et se rendirent. (Dom Thuillier.)

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