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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/743

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POLYBE, LIV. XI.

paravant, n’était même déjà plus en Italie. (Dom Thuillier.)


II.


Philippe, s’étant avancé vers le marais de Trichonide, lorsqu’il fut arrivé à Therme, ville qui renferme un temple d’Apollon, mit de nouveau au pillage toutes celles des offrandes sacrées qu’il avait respectées dans sa première invasion. Dans cette circonstance il se laissa dominer, comme la dernière fois, par la violence de son caractère. En effet, se laisser emporter par la haine que l’on a conçue contre les hommes jusqu’à devenir sacrilége envers les dieux, c’est la preuve la plus certaine du comble de la démence. (Excerpta Valesian.) Schweighæuser.


Ellopium, ville d’Étolie. Polybe, livre xi. (Steph. Byz.) Schweigh.


Phytæum, ville d’Étolie. Polybe, livre xi. (Ibid.)


Harangue faite aux Étoliens sur leur guerre avec Philippe.


« Il me semble, Étoliens, que Ptolémée et les villes de Rhodes, de Byzance, de Chio et de Mitylène, ont assez fait voir combien ils avaient à cœur de n’être plus en guerre avec vous. Ce n’est ni pour la première ni pour la seconde fois que nous venons vous parler de cette paix ; depuis que vous avez entrepris la guerre, nous n’avons laissé échapper aucune occasion de vous démontrer combien il était important de la finir, portés à cela tant par la ruine prochaine dont vous êtes menacés, vous et les Macédoniens, que par les maux que nous prévoyons devoir tomber sur votre patrie et sur toute la Grèce. Quand on a mis le feu à quelque matière combustible, on n’est plus maître d’en arrêter les funestes effets, l’embrasement s’étend selon que le vent active l’ardeur du feu et que la matière jette de flammes ; souvent même celui qui l’a causé est le premier à en éprouver la violence. Il en est de même de la guerre : une fois allumée, elle commence par consumer ceux qui en sont les auteurs ; de là elle se répand et réduit en cendres tout ce qu’elle rencontre, portée de proche en proche et prenant toujours de nouvelles forces par la sottise des peuples. Figurez-vous donc, Étoliens, que tous les insulaires et tout ce qu’il y a de Grecs dans l’Asie sont ici présens, et vous conjurent de finir la guerre ; le mal a passé jusqu’à eux, revenez à vous-mêmes, et suivez avec docilité les conseils que l’on vous donne.

« En effet, si la guerre que vous faites ne vous était que préjudiciable, comme la plupart des guerres ont coutume de l’être, et que d’ailleurs elle vous fût glorieuse, ou par le motif qui vous a poussés à l’entreprendre, ou par l’honneur qui devrait vous en revenir, on pourrait peut-être vous la pardonner en faveur d’une si louable disposition ; mais si c’est la plus honteuse de toutes les guerres, si elle ne peut que vous couvrir de confusion, si elle n’est capable que de vous attirer le blâme et la censure de tous les hommes, ne mérite-t-elle pas que vous y fassiez de sérieuses réflexions ? Je vous dirai franchement ce que je pense, et, si vous pensez sagement, vous ne me saurez pas mauvais gré de cette liberté. Un reproche fait à propos, et qui vous tire d’un péril évident, vous est infiniment plus avantageux qu’un dis-