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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/831

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POLYBE, LIV. XVI.

tres, mais encore tous les citoyens avec leurs femmes et leurs enfans, étaient venus au-devant de lui. Dès que cette multitude l’eut joint, on ne peut exprimer les marques de bienveillance et d’amitié qu’elle donna aux Romains, et plus encore à Attalus. Il entra dans le Dipyle ayant les prêtres à sa droite et les prêtresses à sa gauche ; ensuite tous les temples lui furent ouverts ; à tous les autels on avait disposé des victimes, et l’on demandait qu’il les immolât. Enfin les honneurs qu’on lui décerna furent tels que personne de ceux qui auparavant leur avaient été utiles, n’en avaient reçu de pareils ; car, outre tous ceux dont nous venons de parler, ils donnèrent son nom à une de leurs tribus, et le comptèrent parmi ceux de leurs premiers ancêtres dont les tribus portent le nom. On convoqua ensuite une assemblée où il fut appelé. Il s’excusa d’y aller, sur ce qu’il n’était pas de la bienséance qu’il entrât dans cette assemblée et qu’il fit en face le détail des services qu’il avait rendus. On le pria donc de donner par écrit ce qu’il jugeait à propos que l’on fît dans les conjonctures présentes. Il y consentit, et écrivit une lettre que les magistrats portèrent au peuple. Cette lettre roulait sur trois chefs. On y voyait d’abord un détail des bienfaits que les Athéniens avaient reçus du roi ; ensuite le récit de ce qu’il avait fait contre Philippe. En dernier lieu, il exhortait les Athéniens à déclarer la guerre à ce prince, et à faire serment d’entrer dans toute la haine dont les Rhodiens, les Romains et lui étaient animés contre cet ennemi. Il finissait en les avertissant que si, laissant échapper cette occasion, ils se joignaient à quelque traité de paix fait par d’autres, ils agiraient contre les vrais intérêts de leur patrie. Après la lecture de cette lettre, la multitude, gagnée par les raisons qu’elle venait d’entendre, et plus encore par l’amitié qu’elle avait pour Attalus, était déjà toute disposée à émettre son décret pour la guerre, lorsque les Rhodiens entrèrent dans l’assemblée. Ils parlèrent long-temps sur le même sujet, et quand ils eurent fini, les Athéniens statuèrent que l’on prendrait les armes contre Philippe. On décerna aussi de grands honneurs aux Rhodiens : on accorda à ce peuple la couronne dont on récompense la vertu. On lui fit part des mêmes droits dont jouissaient les citoyens d’Athènes, et cela pour reconnaître le plaisir que les Rhodiens avaient fait aux Athéniens, en leur rendant leurs vaisseaux et leurs soldats qu’ils avaient faits prisonniers. Après quoi les ambassadeurs rhodiens montèrent sur leurs vaisseaux, et voguèrent vers Chio, pour passer de là dans les autres îles. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Ordres que les Romains envoyèrent à Philippe en faveur des Grecs et d’Attalus.


Pendant que les ambassadeurs romains étaient à Athènes, Nicanor, un des généraux de Philippe, portait le ravage dans l’Attique, et avait pénétré jusqu’à l’Académie. Les ambassadeurs romains, après lui avoir auparavant dépêché des hérauts, furent le trouver eux-mêmes, et lui dirent d’avertir le roi son maître, que les Romains l’exhortaient à ne faire injure à aucun des Grecs et à rendre compte devant des juges équitables de la conduite injuste qu’il avait tenue à l’égard d’Attalus : qu’en agissant de la sorte il aurait les Romains pour amis, et pour ennemis s’il ne suivait pas leur conseil. Après avoir reçu ces ordres, Nicanor se retira. Les ambassadeurs tinrent sur Philippe les mêmes discours aux Épirotes sur la côte de Phénicie ; dans l’Acarnanie, à Amy-