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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/889

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POLYBE, LIV. XXII.

nétrer par la brèche, parce que les citoyens construisirent en dedans une nouvelle muraille, et que les Étoliens qui restaient combattaient avec courage au milieu des ruines. Désespérant donc de prendre la ville à force ouverte, il se mirent à creuser des mines. Mais cet artifice ne leur réussit pas davantage, car ceux qui étaient dans la ville, et qui montraient une grande habileté dans toutes les dispositions militaires, comme la suite de ce récit le prouvera, avaient compris leur intention et cherchaient à la neutraliser. Les Romains ayant donc bien fortifié celui de leurs trois ouvrages avancés qui était au milieu, et l’ayant mis à l’abri de toute attaque, construisent parallèlement au mur un portique de deux cents pieds de longueur. Abrités derrière cette muraille nuit et jour, ils continuaient sans interruption, et en se relayant, le travail des mines, et, en dispersant la terre qui sortait de la mine, ils trompèrent pendant plusieurs jours les assiégés. Mais dès que le monceau des terres retirées se fut élevé à une plus grande hauteur et devint visible aux assaillans, les chefs des assiégés se mettent aussitôt avec ardeur à l’ouvrage et creusent une contre-mine intérieure parallèle au mur et au portique construit devant les tours. Aussitôt que cette mine eut été amenée à la profondeur convenable, sur l’autre côté de la mine près du mur, ils placèrent une suite continue d’instrumens et de vases d’airain d’une construction fort délicate. À l’aide de ces instrumens, on pouvait distinguer le bruit que faisaient les ennemis et la direction des travaux. Ainsi dirigés, ils traversèrent leur mine par un autre qui pénétrait jusqu’au-dessous du mur dans la direction présumée de l’ennemi. Cette mine fut promptement achevée ; car les excavations des Romains s’étendaient déjà au-delà du mur qu’on avait été obligé de soutenir sur des étais des deux côtés de la mine. Ils se rencontrèrent donc et commencèrent à combattre avec leurs sarisses. Mais on n’arrivait à rien de bien important, parce qu’il était facile de se protéger à l’aide du bouclier. Un des assiégés suggéra enfin à ses concitoyens l’idée de placer en cet endroit un tonneau qui fût de la largeur de l’excavation, d’enlever le fond de ce tonneau, qu’on traverserait par une barre de fer de la même longueur, forée à différens endroits, de l’emplir ensuite d’une plume fort légère, et de placer enfin du feu sous l’ouverture du tonneau, de le creuser, d’introduire des sarisses dans les trous de la barre de fer pour tenir l’ennemi en respect, en dirigeant l’ouverture du côté des ennemis, et ensuite animant le feu d’une ardeur plus vive, de le faire pénétrer par les trous pratiqués dans la barre de fer, jusqu’à ce qu’il atteignît la plume. On se conforma à ce qui avait été prescrit, et il en sortit, à cause de la moiteur de la plume, une fumée âcre et violente qui pénétra dans toute la partie de la mine occupée par les ennemis. Il en résulta que les Romains, ne pouvant ni arrêter la fumée ni la supporter, furent obligés d’abandonner la mine. (Ibid.)


Il était venu au camp des Romains des ambassadeurs de la part des Athéniens et des Rhodiens, pour porter M. Fulvius à faire la paix avec les Étoliens. Amynandre, roi des Athamaniens, avait aussi demandé un sauf-conduit au consul pour y venir. Au temps de sa fuite, il avait séjourné long-temps dans Ambracie ; il en aimait les habitans, et il avait fort à cœur de les délivrer de l’extrémité où ils se trouvaient. Peu de

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