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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/893

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POLYBE, LIV. XXII.

C. Helvius, le tyran de Cibyre députa vers cet Helvius pour le prier d’empêcher qu’on ne pillât ses terres, parce qu’il était ami du peuple romain, et qu’il était prêt à faire tout ce qu’on lui ordonnerait. Il avait en même temps donné ordre qu’on lui offrît une couronne de la valeur de quinze talens. Helvius, après avoir promis que l’on ne toucherait point à ses terres, lui commanda de dépêcher une ambassade au consul qui approchait, et qu’il aurait incessamment sur les bras. Moagètes fit partir en effet des ambassadeurs, auxquels il joignit son frère. Sur la route ils rencontrèrent le consul, qui, leur parlant d’un ton ferme et menaçant, leur dit qu’il n’y avait pas de puissance dans l’Asie qui fût plus ennemie des Romains que Moagètes ; qu’il avait contribué autant qu’il avait pu au renversement de l’empire romain ; que, loin d’en mériter l’amitié, il n’était digne que de sa colère et de son indignation. Les ambassadeurs, épouvantés, laissant tous les ordres dont ils étaient chargés, se bornèrent à le prier de conférer avec Moagètes, et ayant obtenu cette grâce, ils revinrent à Cibyre. Le lendemain, le tyran sortit de la ville accompagné de ses amis ; vêtu simplement, sans cortége, dans un état à faire compassion. Il commença par gémir sur sa pauvreté et sur la misère des villes de son petit état, qui consistait en trois villes, Cibyre, Sylée et Alinde, et pria le consul de se contenter de quinze talens. Cn. Manlius, étonné de l’impudence de ce tyran, lui dit que s’il ne se faisait pas un plaisir d’en donner cinq cents, non-seulement il ravagerait ses terres, mais encore assiégerait Cibyre et la mettrait au pillage. Ces menaces effrayèrent Moagètes, qui pria qu’on n’en vînt pas à l’exécution, et qui fit si bien, en ajoutant toujours quelque chose à ses premières offres, qu’il acquit l’amitié du peuple romain, et qu’il ne lui en coûta pour l’acquérir que cent talens et dix mille mesures de froment. (Ibid.)


Exploits de Manlius dans la Pamphylie et la Carie pendant la guerre des Gallo-Grecs.


Après que Cn. Manlius eut traversé le Colabate, il lui vint des ambassadeurs de la ville appelée Isionda, pour le prier de les secourir contre les Telmessiens, qui, avec les Philoméniens, avaient ravagé leurs campagnes, pillé leur ville, et assiégeaient actuellement la citadelle, où tous les habitans s’étaient réfugiés avec leurs femmes et leurs enfans. Manlius leur promit obligeamment qu’il irait à leur secours, et, prévoyant tous les avantages que cette affaire lui produirait, il prit sa route vers la Pamphylie, et fit alliance avec les Telmessiens et les Aspendiens moyennant cinquante talens qu’il en exigea. Il reçut là des ambassadeurs de la part d’autres villes, à qui il inspira les mêmes sentimens qu’il avait déjà inspirés ailleurs ; et, après avoir fait lever le siége d’Isionda, il revint dans la Pamphylie. (Ibid.)


Suites de l’expédition contre les Gallo-Grecs.


La ville de Cyrmase, prise avec un butin considérable, comme Manlius côtoyait un marais, il rencontra des ambassadeurs que lui envoyaient les habitans de Lysinoé pour se rendre à discrétion. De là il se jeta sur les terres des Salagussiens, y fit un grand butin, et attendit ce à quoi la ville se déterminerait. On lui députa pour demandera quelles conditions il voudrait accorder la paix. Il exigea