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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/929

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POLYBE, LIV. XXVI.

qui lui ont été pris, tous les effets qui y étaient et les ôtages qu’il a reçus. Il rendra aussi Tèje, ville près du Pont. » Eumène donna quelque temps après cette ville à Prusias, à qui ce présent fit grand plaisir. Suit dans le traité : « Il renverra tous les prisonniers et les transfuges sans rançon ; outre cela, de l’argent et des richesses qu’il a emportés à Morzias et à Ariarathe, il donnera neuf cents talens à ces deux rois, trois cents à Eumène pour le dédommager des frais de la guerre, et trois cents à Mithridate, gouverneur de l’Arménie, pour avoir pris les armes contre Ariarathe, et cela contre le traité qu’il avait fait avec Eumène. » Dans ce traité furent compris, entre les puissances de l’Asie, Artaxias, qui régnait sur la plus grande partie de l’Arménie et Acusiloque ; entre celles d’Europe, Gatale, prince sarmate ; et entre les états libres, les Héracléotes, les Mésembriens, les Chersonésites et les Cysicéniens. On marque encore dans le traité, en quel nombre et de quelle condition devaient être les ôtages que Pharnace donnerait, et dès qu’ils furent arrivés, les armées se retirèrent. Ainsi se termina la guerre qu’Eumène et Ariarathe avaient avec Pharnace. (Ibid.)


V.


Ambassade des Lyciens à Rome contre les Rhodiens. — Les Rhodiens amènent à Persée Laodice sa femme.


Quand les consuls Tibérius et Claudius furent partis pour leur expédition contre les Istriens et les Agriens, le sénat, sur la fin de l’été, donna audience aux ambassadeurs, qui n’étaient venus à Rome de la part des Lyciens qu’après la victoire remportée sur ce peuple, quoiqu’ils fussent sortis de leur pays assez long-temps auparavant. Car, dès avant que la guerre fût déclarée, les Xanthiens avaient envoyé Nicostrate dans l’Achaïe et à Rome. Arrivé dans cette ville, il fit une description si touchante des maux que la cruauté des Rhodiens faisait souffrir aux Lyciens, que le sénat, pénétré de compassion, députa des ambassadeurs à Rhodes, pour déclarer que par les mémoires faits par les dix commissaires envoyés en Asie pour régler les affaires d’Antiochus, on voyait clairement que quand les Lyciens avaient été attribués aux Rhodiens, ce n’était pas un présent qu’on leur faisait, mais des amis et des alliés qu’on leur donnait. Cette décision ne plut pas aux Rhodiens. Ils crurent que les Romains, ayant appris les dépenses énormes qu’ils avaient faites pour construire la flotte sur laquelle ils avaient conduit la reine Laodice à Persée, voulaient, en les commettant avec les Lyciens, achever d’épuiser leurs épargnes et leurs trésors. En effet, peu de temps auparavant, les Rhodiens avaient équipé tout ce qu’ils avaient de vaisseaux pour faire à la reine la flotte la plus brillante et la plus magnifique. Persée en avait fourni les matériaux, et jusqu’aux soldats et aux matelots qui lui avaient amené Laodice, tous reçurent de lui un ruban d’or. (Ibid.)


Indignation des Rhodiens contre le décret fait par le sénat de Rome en faveur des Lyciens.


Les ambassadeurs romains, en arrivant à Rhodes, publièrent l’arrêt que le sénat avait donné. Cet arrêt excita parmi les citoyens de grands mouvemens. On y fut indigné que les Romains dissent que les Lyciens avaient été donnés à la république rhodienne, non comme présent, mais comme amis