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POLYBE, LIV. XXVII.

et que le gouverneur lui eut envoyé l’argent qu’il avait ramassé, et qui montait à une assez grosse somme, alors et le roi et toute la cour donnèrent de grandes louanges à sa fidélité et à son épargne. (Ibid.)


III.


Céphale.


Céphale arriva ainsi d’Épire. Déjà auparavant affectionné à la famille du roi de Macédoine, il fut alors comme forcé de prendre parti pour Persée. Voici pourquoi : Charops, Épirote, homme d’honneur et de probité, ami des Romains, et qui, pendant que Philippe occupait les détroits de l’Épire, avait été cause que ce prince avait été chassé de ce royaume, et que Titus s’en était rendu maître, ainsi que de la Macédoine ; Charops, dis-je, avait un fils nommé Machatas, qui en eut un qu’il nomma Charops. Machatas, étant venu à mourir, laissa son fils fort jeune. Charops, son aïeul, prit soin de son éducation, et l’envoya à Rome avec un équipage sortable pour y être instruit dans la langue latine et dans les belles-lettres. Le jeune Charops se fit beaucoup d’amis dans cette ville, et après quelque séjour, il revint dans sa patrie. Son aïeul alors était mort. Naturellement haut, orgueilleux et plein de mauvaises inclinations, il se mit à contredire et à décrier les personnes du premier rang. D’abord, on n’y fit nulle attention, et Antinoïs, plus âgé et plus en considération que lui, n’en gouvernait pas moins à son gré. La guerre déclarée contre Persée, Charops indisposa les Romains contre Antinoüs, et pour cela leur exagéra l’ancienne liaison qu’avait cet Étolien avec la maison royale de Macédoine. Tantôt il observait ses démarches, tantôt il interprétait en mauvaise part ses paroles ou ses actions ; il retranchait de quelques-unes, il ajoutait à d’autres, et vint enfin à bout par ces artifices de faire croire tout ce qu’il inventait contre ceux qu’il voulait perdre. Céphale n’en fut pas ébranlé. C’était un homme d’une sagesse et d’une prudence singulières. Il persista dans le meilleur parti. Il pria d’abord les dieux de ne pas permettre que les affaires se décidassent par les armes. Quand la guerre eut été déclarée, il fut d’avis qu’on n’accordât aux Romains que ce à quoi l’on s’était obligé par le traité d’alliance, et qu’on ne se déshonorât point jusqu’à se soumettre lâchement à tout ce qu’il leur plairait d’ordonner. Cette fermeté déplut à Charops, et il se déchaîna contre Céphale. On ne pouvait rien faire où il ne soupçonnât du mal dès que ce qui se faisait n’était pas favorable aux Romains. Dans les commencemens, Antinoüs et Céphale, n’ayant point à se reprocher d’avoir rien proposé de contraire à la république romaine, crurent devoir mépriser les calomnies qui se répandaient contre eux ; mais quand, après le combat de cavalerie, ils virent que sans raison l’on conduisait à Rome les Étoliens, Hippoloque, Nicandre et Loquague, et qu’on ajoutait foi aux calomnies que publiait Lycisque, qui, dans l’Étolie, suivait la même route que Charops ; alors, prévoyant l’avenir, ils prirent des mesures pour se mettre à couvert de ce calomniateur, et résolurent de tout tenter pour éviter d’être mis dans les fers, et d’être menés à Rome sans avoir été entendus. Pour cela ils furent obligés, quoique ce fût contre leur intention, d’embrasser le parti de Persée. (Ibid.)


Théodote et Philostrate.

On ne peut excuser l’action détesta-

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