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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/986

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POLYBE, LIV. XXXII.

FRAGMENS
DU

LIVRE TRENTE-DEUXIÈME.


I.


Le sénat prend le parti du plus jeune des Ptolémées et rompt avec l’aîné.


Avec les ambassadeurs du plus jeune de ces deux princes, arrivèrent à Rome ceux de l’aîné, dont le chef était Ménylle d’Alabanda. Dans le sénat ils firent de longs discours, et se reprochèrent en face les uns aux autres des choses très-odieuses. Après les avoir entendus, le sénat, sur le témoignage de Titus et de Mérula, qui favorisaient vivement le roi de la Cyrénaïque, fit un décret qui portait : que Ménylle avec ses adjoints sortiraient de Rome dans l’espace de cinq jours, que le peuple romain renonçait à toute alliance avec le roi d’Égypte, et qu’on députerait à son frère pour lui apprendre ce qui avait été arrêté en sa faveur. Publius Apustius et C. Lentulus furent choisis pour cette ambassade, et sur-le-champ ils partirent pour Cyrène. Ptolémée n’eut pas plutôt appris que le sénat s’était déclaré pour lui, que, fier d’une si grande protection, il se mit à lever des troupes pour se soumettre l’île de Chypre, dont la conquête l’occupait tout entier. (Ambassades.) Dom Thuillier.



Démêlés de Massinissa avec les Carthaginois, toujours décidés par les Romains en faveur de ce prince, quoiqu’il n’eût pas toujours raison.


En Afrique, Massinissa, déjà quelque temps avant l’époque dont nous parlons, avait été violemment tenté de s’emparer du territoire qui est autour de la petite Syrte, et qu’on appelle Emporia. Les villes y étaient en grand nombre, le pays beau, les revenus qu’on en tirait très-considérables. Il prit enfin le parti d’envahir ce riche domaine sur les Carthaginois. Maître du plat pays, il n’eut pas de peine à conquérir la campagne. Jamais les Carthaginois ne se sont fort entendus à la guerre sur terre, et d’ailleurs la longue paix dont ils avaient joui jusqu’alors avait extrêmement affaibli leur courage. Mais il n’eut pas tant de facilité à subjuguer les villes. Les Carthaginois les défendirent si bien, qu’il ne put y entrer. Pendant toutes ces hostilités, les Carthaginois envoyaient à Rome pour se plaindre du roi de Numidie, et le roi y députait aussi, de sa part, pour se justifier contre les Carthaginois. Mais quelque droit qu’eussent les députés de ce peuple, les juges étaient toujours pour Massinissa, non que la justice fût du côté de ce prince, mais parce qu’il était de l’intérêt du sénat de décider en sa faveur. Le prétexte de ces hostilités était que le roi de Numidie ayant demandé passage aux Carthaginois par le territoire voisin de la petite Syrte, pour poursuivre un rebelle nommé Aphterate, les Carthaginois le lui avaient refusé, sous prétexte qu’il n’avait aucun droit sur cette contrée. Mais ce refus leur coûta cher : ils furent tellement pressés que, non-seulement ils perdirent la