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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/994

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POLYBE, LIV. XXXII.

honneur à la fortune et au hasard, à qui cependant l’on ne peut en attribuer qu’un très-petit nombre. Mais finissons enfin cette digression et reprenons le fil de notre histoire. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


III.


Députation des Athéniens et des Achéens à Rome, au sujet des habitans de Délos qui s’étaient transportés dans l’Achaïe.


Théaridas et Stéphanus avaient été envoyés à Rome par les Athéniens et les Achéens pour l’affaire des peuples de l’île de Délos. Voici ce que c’était que cette affaire. Après que Délos eut été donnée aux Athéniens, les Romains ordonnèrent aux habitans de sortir de leur île et de transporter tous leurs biens dans l’Achaïe. Ils obéirent, et furent comptés parmi ceux qui faisaient partie du conseil public et qui en recevaient les lois. En cet état, quand ils avaient quelque démêlé avec les Athéniens, ils prétendaient ne devoir être jugés que selon les lois de la confédération établie entre les Athéniens et les Achéens. Les Athéniens, au contraire, soutenant que les Déliens n’avaient pas ce privilége, ceux-ci demandèrent aux Achéens d’être délivrés de la servitude où les Athéniens les réduisaient. On députa à Rome pour avoir la décision de ce différend, et le sénat répondit qu’il fallait observer ce que les Achéens avaient légitimement établi touchant les Déliens. (Ambassades.) Dom Thuillier.


IV.


Les Issiens et les Daorsiens députent à Rome contre les Dalmates.


Déjà il était venu plusieurs fois à Rome des ambassadeurs de la part des Issiens pour se plaindre que les Dalmates infestaient leur pays et les villes de leur district, savoir, Épétion et Tragurion. Les Daorsiens faisant contre les Dalmates les mêmes plaintes, le sénat députa C. Fannius dans l’Illyrie pour savoir ce qui s’y passait, et surtout comment les Dalmates s’y gouvernaient. Tant que Pleurate vécut, ce peuple lui fut très-soumis. Mais Gentius, son successeur, fut à peine monté sur le trône, qu’ils se révoltèrent, firent la guerre à leurs voisins, et tâchèrent de les conquérir. Quelques-uns même leur payèrent tribut, et ce tribut consistait en bestiaux et en blé. Tel était le sujet de la députation de Fannius. (Ibid.)


V.


Fannius est mal reçu par les Dalmates. — Cause et prétexte de la guerre que Rome fit à ce peuple.


Au retour d’Illyrie, C. Fannius déclara que les Dalmates n’étaient nullement disposés à réparer les torts qu’on les accusait d’avoir faits ; que loin de faire satisfaction à ceux qui se plaignaient de leurs procédés, ils n’avaient pas même voulu l’écouter, et qu’ils ne lui avaient dit autre chose, sinon qu’ils n’avaient rien à démêler avec les Romains ; que leur audace avait encore été plus loin, qu’ils lui avaient refusé et le logement et les vivres nécessaires ; qu’ils lui avaient enlevé les chevaux qu’une autre ville lui avait fournis ; qu’il aurait même couru risque de perdre la vie par les mains de ces barbares, si, cédant au temps, il ne se fût retiré de leur pays sans éclat et sans bruit. Sur ce rapport, le sénat, indigné de la fierté et de la férocité des Dalmates, crut que le temps était venu de leur déclarer la guerre : plusieurs raisons l’y engageaient. Depuis que les Romains avaient chassé d’Illyrie Démétrius de Pharos, on avait entièrement