Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/188

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Pendant l’Empire, ses truculents manifestes d’exil avaient fait la joie de la police et des journaux bonapartistes ; bonne viande creuse à jeter au peuple qui n’en pouvait extraire le moindre suc de vie. Cette ivresse d’ilote était aux trois quarts feinte. L’échevelé, le fol des tréteaux, redevenait dans la coulisse rusé, retors, prudentissime. Ce n’était au fond qu’un sceptique fielleux, sincère seulement dans son idolâtrie de lui-même. Il arrivait à la Commune, les poches bourrées de décrets.

Quand il lut sa proposition, les romantiques applaudirent et elle passa à la volée. Cependant, le matin, on avait applaudi Beslay réservant à l’État les services nationaux et le projet de proclamation que la commission vint apporter n’érigeait pas du tout la Commune en Constituante. Il fut voté cependant et signé : La Commune de Paris. Loustalot, en 1789, se plaignait que la municipalité de Paris usurpât le nom de Commune qui signifie, disait-il, l’universalité des citoyens. Le cas différait en 1871, où Commune était devenu un nom de parti ; les élus du 18 Mars prirent le nom de membres de la Commune que le public leur donnait et qu’il faut leur conserver pour la clarté de l’histoire.

Le 30 mars, au matin, Paris fut instruit de sa Commune. « Dès aujourd’hui, disait la première proclamation, la décision attendue sur les loyers, demain celle des échéances, tous les services publics rétablis et simplifiés, la garde nationale réorganisée sans délai, tels seront nos premiers actes. » Un décret faisait remise générale des termes compris entre octobre 70 et juillet 71, des sommes dues pour les locations en garni. Versailles n’offrait que des délais, c’était inique ; la Commune acquittait, disant avec raison que la propriété devait payer sa part de sacrifices, mais elle négligeait d’excepter une foule d’industriels qui avaient réalisé des bénéfices scandaleux pendant le siège ; on reculait devant une enquête.

Le Comité Central voulut bien, dans une proclamation, adhérer aux décrets de la Commune. Elle s’en offusqua à la séance du 30 et Duval demanda qu’on refusât au Comité tout pouvoir politique. Survient une délégation du Comité. C’était le moment pour la Commune de s’af-