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APPENDICE

bien le fameux Hutzinger, Versailles croyant pouvoir l’acheter, lui faisait des ouvertures et lui demandait un rendez-vous. Il nous demanda si l’on ne pourrait pas tirer de là quelque chose au bénéfice de la Commune. Je ne connaissais encore à ce moment personne des conspirateurs. Nous résolûmes de lui laisser tenter l’entrevue à la condition qu’il nous raconterait tout ce qui se passerait. Le soir même, je chargeai quelqu’un de le surveiller et de lui casser la tête au besoin s’il le voyait faiblir. À partir de cette époque, Dombrovski fut surveillé de près, — c’est même à cette surveillance qu’il dut de ne pas être enlevé par des Versaillais qui se servirent d’une femme pour l’attirer du côté du Luxembourg, — et, je le déclare, nous n’apprimes rien qui fût de nature à altérer notre confiance.

« Il vint le lendemain et nous raconta l’offre qui lui était faite d’un million à la condition qu’il livrerait une porte aux Versaillais. Il nous donna les noms de la plupart de ceux qu’il avait vus, parmi lesquels se trouvait un pâtissier de la place de la Bourse, l’adresse des embaucheurs (8, rue de la Michodiére), et il nous annonça un autre rendez-vous pour le lendemain… Il nous expliqua comment il attirerait dans Paris quelques milliers de Versaillais qu’il ferait prisonniers. Nous nous opposâmes Pyat et moi à cette tentative. Il n’insista pas. Mais il demanda que, pour le lendemain, on lui fournit 20 000 hommes et des obusiers. Il était décidé à attirer les troupes versaillaises à portée des fortifications… Des 20 000 hommes, 3 ou 4 000 seulement purent être réunis et, au lieu de 500 artilleurs, il n’en vint qu’une cinquantaine… »

(Extrait d’une relation adressée à l’auteur par Ranvier, membre du Comité de salut public).

Quelque temps après la déposition de l’amiral Saisset, devant l’enquête parlementaire, Ranvier écrivit au frère de Dombrowski :

Londres, 10 mars 1872.
St-John st., 160.

« Cher citoyen,

« C’est avec le plus grand plaisir que je me joins à vous pour élever la voix contre la déposition erronée de M. Saisset concernant votre frère mort en combattant pour la Commune.