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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/100

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La rue du Quatre Septembre n’avait pas été défendue. Le mercredi matin, un habitant du quartier se présenta derrière les pavés amoncelés à l’entrée de la place de la Bourse et agitant un morceau d’étoffe blanche au bout de sa canne, fit signe aux soldats postés au carrefour du nouvel Opéra, qu’il n’y avait aucun danger à s’approcher. Ces braves s’emparèrent immédiatement de la position. Ans Halles centrales, la lutte commença, terrible, de bonne heure. Les fédérés, retranchés dans l’église Saint-Eustache et les halles, furent assaillis par des nuées de soldats de la division Ladmirault. Enveloppés, cernés par toutes les rues adjacentes, plus de 500 restèrent sur place : trois cents, faits prisonniers, furent fusillés séance tenante ; le reste remontant la rue Turbigo, alla renforcer la barricade Saint-Laurent, en haut du boulevard Magenta.

A dix heures, l’Hôtel de ville n’était plus qu’un brasier. Depuis le matin on avait évacué les malades sur le XIe arrondissement. Le vieil édifice, témoin de tant de parjures, où tant de fois le peuple installa des pouvoirs qui se retournèrent contre lui, ne devait pas survivre à son véritable maître. Au bruit du beffroi et des clochetons qui s’abîmaient, des voûtes et des cheminées s’écrou-