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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/143

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saillais par la rue de Reuilly. Un détachement avec du canon se porta précipitamment de ce côté. Mais les gardes étaient épuisés, n’ayant pas dormi depuis trois jours. Devant le nombre des Versaillais, l’importance des positions qu’ils occupaient, la résistance devenait complètement impossible, et les dernières barricades de la Bastille, prises à revers, succombèrent dans la journée.

Les débris des bataillons de tous les quartiers se réfugièrent dans le XXe arrondissement pendant la journée du vendredi. Ils arrivaient par groupes de trente à quarante hommes, accompagnés de leurs officiers. Bientôt la mairie de Ménilmontant devint, comme l’Hôtel de ville, comme la mairie du XIe, le centre actif du mouvement. Le quartier général fut transporté rue Haxo ; mais la mairie distribuait les logements, les uniformes, les bons de vivres, et ce fut pendant deux jours un va-et-vient perpétuel et confus. Près de l’église, les fourgons et les chevaux campaient bruyamment sur la place.

Les barricades étaient nombreuses dans les rues inextricables de Ménilmontant, mais, comme d’habitude, les plus importantes, qui se rapprochaient des boulevards, n’étaient nullement protégées par derrière. Beaucoup aussi étaient