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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/149

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période aiguë ; les regards devinrent soupçonneux et pleins de colère. Un employé des finances fut arrêté à cause de son costume civil. On trouva sur lui une liasse de billets de banque, sauvés à force de courage, et qu’il rapportait rue Haxo, où la délégation des finances siégeait. Il allait être fusillé comme voleur ou espion, quand un chef de service le reconnut et lui sauva la vie. Toute discipline avait absolument disparu. On agitait des projets fantastiques, comme d’aller reprendre Montmartre, ou de se ruer en colonne serrée, composée de tous les bataillons, au centre de Paris, et de l’occuper de nouveau. Les gardes, venus de différents côtés, se racontaient les épisodes de leurs barricades. On sut bientôt que les exécutions avaient lieu non-seulement sur le champ de bataille, mais encore dans les maisons, et quelles étaient également sommaires ; que tout individu, pris avec son habit de garde national et dont le fusil n’avait pas la fraîcheur voulue, était certain de son affaire : son voyage n’était guère plus loin que de sa chambre à la cour de sa maison ; qu’au coin de la rue Saint-Dominique et de la rue Bellechâsse, on en avait fusillé six, dont le père et le fils, qui avaient offert de se rendre ; que sur la place de la Bourse, on avait fusillé tous