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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/177

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tions et que j’ai questionnés, ont été unanimes, dans leurs récits.

— L’un d’eux me disait : — « Nous avons fusillé à Passy une quarantaine de ces canailles. Ils sont tous morts en soldats. Les uns croisaient les liras et gardaient la tête haute. Les autres ouvraient leurs tuniques et nous criaient : Faites feu ! Nous n’avons pas peur de la mort. »

» Un soldat de marine, très-brave, très-bon militaire et très-humain, me racontait la laborieuse et sanglante pérégrination qu’il avait faite, à travers tout le faubourg Saint-Germain, le Panthéon, le pont d’Austerlitz et le quartier Saint-Antoine.

— » Nous avons, me disait-il, un colonel qui est un excellent homme et qui n’aime pas le sang. Nous n’avons tué que ceux qui avaient voulu nous tuer. Les autres, nous les avons faits prisonniers.

» Pas un de ceux que nous avons fusillés n’a sourcillé. Je me souviens surtout d’un artilleur qui, à lui tout seul, nous a fait plus de mal qu’un bataillon. Il était seul pour servir une pièce de canon. Pendant trois quarts d’heure, il nous a envoyé de la mitraille et il a tué et blessé pas mal de mes camarades. Enfin, il a