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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/18

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Depuis quelques jours, les Versaillais campaient au pied des remparts, depuis Montrouge jusqu’à la porte Maillot. Les forts d’Issy, de Clamart, de Vanves, du petit Vanves, avaient succombé. Auteuil, Passy, le Point-du-Jour, étaient violemment bombardés, et de nombreux obus tombaient au Trocadéro. En outre, les soldats faisaient de ce côté de grands travaux d’approche. Leurs attaques, leurs succès, l’importance stratégique de cette position, qui est la clef de Paris, tout indiquait que l’assaut serait donné sur ce point et qu’il serait prochain. Mais la lassitude avait gagné les plus énergiques. Les mêmes bataillons de la garde nationale étaient sur pied depuis tantôt deux mois. Les mêmes hommes avaient soutenu sans être relevés tout le poids de la guerre. À bout de forces, découragés par leurs échecs constants, mécontents de leurs officiers, ils avaient perdu leur premier élan et jusqu’à leurs habitudes de vigilance. Aussi, le dimanche 21 mai, à trois heures de l’après-midi, il n’y avait ni un officier ni une sentinelle à la porte de Saint-Cloud.

Le capitaine de frégate Trêves se trouvait à ce moment dans les tranchées, à deux cents mètres du mur des fortifications, tandis que les soixante et dix pièces de Montretout, la batterie