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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/203

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foule nombreuse considérait avec insouciance ce dégoûtant spectacle : il y avait là des jeunes filles élégantes et radieuses étalant au soleil leurs ombrelles de printemps. »

Un négociant du boulevard d’Enfer signalait, indigné, aux journaux l’attitude de certains individus vêtus avec élégance qui, pendant qu’on relevait encore les cadavres sur le boulevard Saint-Michel, étaient installés avec des filles à l’intérieur et à la porte des cafés des boulevards, se livrant avec celles-ci à des rires scandaleux.


Enfin, cette odeur de carnage saisit à la gorge les plus frénétiques. Les journaux qui avaient prêché le massacre, s’épouvantèrent de leur œuvre. " Ne tuons plus, s’écria le Paris-Journal du 2 juin, même les assassins, même les incendiaires. Ne tuons plus. Ce n’est pas leur grâce que nous demandons, c’est un sursis. »

Et plus loin : « La foule, de plus en plus avide de pareils spectacles (les exécutions), se bouscule. Qu’on y prenne garde !… il ne serait que trop facile de nous familiariser avec le meurtre. »

« Assez d’exécutions, assez de sang, assez de victimes ! s’écrie le National, du 1er juin, Il