Aller au contenu

Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire la guerre ne voulait pas se soumettre à ses nécessités.

Après Rossel tout craqua. Cluseret, incapable d’action et vaniteux[1], avait laissé faire ; — la Commune, qui déplaçait les bataillons sans le consulter, l’accusa de trahison. Rossel, actif, énergique, mais trop jeune, prétendit faire par lui-même et, étant responsable, être aussi le maître ; — on l’accusa de trahison et de tyrannie. Il voulut briser les bataillons pour fonder des régiments de 2, 500 hommes, les caserner hors Paris. Mesures impolitiques et inopportunes. Toutes les oppositions se coalisèrent contre lui, les chefs de légion, le Comité central, le Comité d’artillerie, et loin de chercher à les ramener ou à les convaincre, il les exaspéra par des rudesses maladroites. Il aurait passé outre, mais la Commune, à l’exception de quelques membres, le voyait avec défiance, ne le soutenait pas. Le mauvais génie de la Commune, M. Félix Pyat, lui en voulait mortellement d’avoir dédaigné ses élucubrations militaires. Impuissant, dégoûté, il se retira, dans un de ces mouvements d’humeur qui

  1. Et d’une vanité singulière. « Savez-vous, dit-il un jour à Delescluze, que Versailles m’a fait offrir un million ? » — « Taisez-vous, » répondit Delescluze en lui tournant le dos.