Aller au contenu

Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérieurs, ou voyait par place comme une fourmilière de gens courbés à terre, les uns creusant, les autres dépavant. De jeunes enfants se faisaient remarquer, maniant des bêches et des pioches aussi grandes qu’eux, et chantant sans cesse le Chant du départ et la Marseillaise. Les hommes en blouse, les messieurs en habit, les femmes en guenilles et les femmes en robe de soie, étaient également mis en réquisition. De délicates mains de jeunes filles maniaient le dur hoyau. Il tombait avec un bruit sec et faisait jaillir l’étincelle. Il faut une heure pour entamer le sol à vingt centimètres, — qu’importe ! — on passera la nuit. Le mardi soir, à l’intersection du square Saint-Jacques et du boulevard Sébastopol, une barricade de vingt mètres de long fut en une demi-journée creusée, terminée, par des dames du quartier de la Halle ; plusieurs, fort élégamment vêtues de noir, travaillèrent six heures comme des enragées à remplir des sacs de terre et à empiler des pierres dans des paniers d’osier.

Le gaz éclairait ces travaux. On avait eu soin qu’il fût allumé aux heures accoutumées, et, sauf dans les quartiers envahis, les rues et les boulevards avaient reçu leur éclairage réglementaire. A l’entrée du faubourg Montmartre.