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Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/102

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bras de son frère, l’écarte pour chercher son époux et le voit déjà voguant sur le fleuve, cette même mélodie est encore reprise en mineur ; on dirait que son amant lui envoie l’expression d’une douleur égale à la sienne. Elle pousse un cri, tombe, et meurt.

Dans ce résumé nous n’espérons point avoir pu rendre l’intérêt si grand, si saisissant de ce drame !... avoir faire comprendre combien le pinceau de ce tableau est à la fois ferme et fin dans ses contours, riche et mœlleux dans son coloris !... combien le poëte et le musicien y ont révélé une savante entente des ressources de l’art ! Le caractère des personnages y est surtout admirablement soutenu, par l’un comme par l’autre. Wagner a su mêler avec une finesse de touche qu’on ne peut se lasser de poursuivre dans toutes ses intentions, l’élément divin qui assurait la victoire de son chevalier, au caractère de valeur, à l’héroïcité personnelle qui le rend cher à nos yeux, et en fait pour nous un objet d’admiration et de sympathie, au lieu du froid messager qu’il eût pu aisément devenir. Lohengrin se découpe sur le premier plan, grave, impératif, et tendre comme un Saint de légende. Sa condescendance pour sa bien-aimée est indulgente, mais inexorable ; son amour en revanche se colore de tout le prisme diapré de ses immarcescibles félicités d’élu ! Il semblait que le bonheur