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Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/114

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le long récit du Roi (dont le rôle est constamment soutenu par les trombones et trompettes qui dominent alors monarchiquement l’orchestre), et qu’on entend ce doux et aérien murmure arriver comme les ondes parfumées d’une brise céleste, pour nous assurer avant même qu’Elsa ait paru, de tout l’éclat de sa pureté. La même instrumentation arrive comme une rosée rafraîchissante pour éteindre les sombres flammes du duo de Frédéric etd’Ortrude, alors qu’Elsa paraît à son balcon ; elle sert aussi à la grande marche nuptiale du second acte, et parvient à rendre cette exaltation pieuse et cette volupté d’innocence, qui fait de ce morceau un des plus précieux sinon des plus apparens de l’opéra.

Les difficultés de la mise en scène et de l’exécution satisfaisante des opéras de Wagner, se réunissant à la nature si sérieuse de leurs sujets, à leur style si élevé, à la grande application qu’ils exigent du public, contribueront hélas ! à en retarder la popularité. La sévérité de leur perfection les empêche de prétendre à ces banals applaudissemens qu’on prodigue aux œuvres de courte vitalité, ou bien à cet enthousiasme immédiat que le génie de Rossini et de Meyerbeer ont excité, en faisant flamboyer en traits fulgurans, ou s’exprimer en luxurians accords, toutes les passions