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Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/153

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s’aheurtant aux limites de notre nature, qu’elle ne veut pas renoncer à dépasser ?

L’Enchanteresse blessée, se lève irritée comme une panthère atteinte au flanc, interrompt son prisonnier en lui arrachant la lyre des mains, et appelant autour d’eux un nuage qui les isole, se raille des vains regrets de l’insensé. Elle lui rappele « qu’il est maudit... qu’il lui appartient de par tous les pouvoirs des anathèmes éternels… qu’il n’avait que faire de songer à un monde qui le répudierait avec horreur s’il pouvait y rentrer jamais !.. » Le fier chevalier n’en croit pas l’orgueilleuse femme. Il lui dit « que la Pénitence est plus puissante que la Malédiction », et leurs mutuelles résistances occasionnent un duo, plein de mouvement, de colères, de haines réciproques qui prennent flamme l’une à l’autre, et que Vénus suspend soudainement en recourant à de plus hypocrites armes. Elle fait entendre la voix des syrênes qui dans l’éloignement semble gagner des inflexions encore plus alanguies, et se penchant amoureusement vers son oreille, paraît instiller goutte à goutte dans ses veines, un incurable poison, une défaillance voluptueuse qui accable de chaînes indissolubles ses forces évanouies. Son chant assez long reproduit à un demi-ton plus bas le motif de l’ouverture que nous avons désigné du nom de mélopée. Il est accompagné également pianissimo, et ennuagé par