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Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/164

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la scène reprennent tout le thème religieux de l’ouverture, Élisabeth aux pieds de la même Madone que nous avons remarquée au premier acte, fait sa dernière prière, où paraît s’exhaler son dernier soupir, pour celui qu’elle a si souffrement aimé ! Les longues tenues d’instrumens à vent, assombries par les gémissemens étouffés de la clarinette basse, rendent sensible sa mortelle défaillance. On dirait que Wagner a voulu n’omettre aucune des prostrations de cette agonie de l’espérance, en recueillant le cri plaintif échappé à chaque souvenir flottant à son entour, en faisant revivre dans l’orchestre comme ils devaient revivre dans la mémoire de la mourante, pendant qu’elle quittait ces lieux pour ne plus les revoir, quelques fragmens épars du passé, quelques réminiscences de son entrevue avec Tannhäuser, de son duo avec lui au second acte, de la supplication qui préservât ses jours, du chant de Wolfram lorsqu’il essayait de rétablir l’accord entre les poëtes et de sauver Tannhäuser de sa propre démence. À une heure si ineffable, quel cœur de femme n’eût point fait un retour sur cette affection si dévouée dans son humble désinteressement ? Mais la passion se reste fidèle à elle-même, et Élisabeth refuse jusqu’à la commisération de cet attachement, si touchant qu’il soit.

Wolfram resté seul après qu’elle s’est retirée, s’a-