Aller au contenu

Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43

pas fait dans la voie qu’il poursuit. Rienzi rapelle encore les vieilles coutumes, dans la coupe des récitatifs, des duos, des morceaux d’ensemble. Dans le Vaisseau-Fantôme, cette manière disparait déjà sensiblement devant la nouvelle, et Tannhäuser est tout à fait affranchi, de ce que l’auteur considère comme les préjugés de la tradition.

Quel que soit le sort que l’avenir réserve à son système, on ne saurait douter du moins, que la connaissance de ses productions ne conduise tôt ou tard les compositeurs d’opéras, à une orchestration plus éloquente, plus fondue avec la nature de leurs sujets qu’elle n’est de rigueur encore, et surtout à un choix de livret, dont la contexture puisse offrir un intérêt sérieux et soutenu, et la poésie un charme indépendant des rhythmes qui y sont adaptés. En voyant les plus belles tragédies de toutes les littératures impitoyablement mutilées et réduites aux plus informes fouillis de pitoyables vers, lorsqu’il s’agit de transporter sur le terrain de la musique l’expression des passions qu’elles mettent en jeu et le mouvement dramatique des situations qu’elles amènent, on ne peut qu’éprouver une vive satisfaction, dès qu’il se présente quelque espérance de voir abolir un jour, les insoutenables invraisemblances, les ridicules rimes, les grossiers ressorts, les rebuts d’imagination qui, durant si longtemps, ont