Aller au contenu

Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attachante. Dans leur désordre, dans leurs exagérations, dans leur verbiage même parfois, on est frappé par une largeur d’esprit et une richesse d’expressions peu communes chez les musiciens, par une ardeur et une générosité rares chez tous les hommes. Quand je parle de générosité, on m’objectera, je le sais, le dur article consacré un jour à Thalberg. On dirait aujourd’hui que cet éreintement n’est pas d’un bon confrère et peut-être n’aurait-on pas tort. Mais pour comprendre cette violente critique, il faut justement la lire comme une « page romantique » et y voir un « geste », au sens médiéval du terme : c’est le défi d’un paladin à un autre paladin, comme dans ces âges de la Chevalerie, remis alors à la mode par les romans de Walter Scott, la poésie allemande et les bronzes d’art qui ornent les pendules ; c’est une provocation en champ clos, chevaleresque et partant élégante, par son allure de cartel envoyé comme cela, pour rien… pour l’honneur !…

La présente édition ne saurait à aucun degré être une édition critique, déterminant avec exactitude, page par page et mot par mot, ce qui, dans la pensée de Liszt ou dans ses expres-