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Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/163

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vous dédommager de l’ennui de cette trop longue lettre.

Vale.

L’ERLKÖNIG PENDANT QUE NOURRIT CHANTAIT

Entendez-vous, à travers d’effrayantes ténèbres, la course rapide du cheval dont l’éperon fait saigner les flancs ?

Entendez-vous le vent qui mugit, les feuilles qui frémissent ?

Voyez-vous le père qui tient dans ses bras l’enfant qui pâlit et se serre contre sa poitrine ?

« Ô mon père ! vois-tu là-bas le roi des Gnômes ? »

Le cheval court, court toujours ; il dévore l’espace ; il fait jaillir du sein des cailloux mille étincelles, qui augmentent l’horreur de ces ténèbres.

« N’ayez peur, mon fils, c’est un nuage qui passe. » Mais une voix pleine de suavité se fait entendre derrière un rideau de verdure. Ne l’écoutez pas car elle est perfide et fallacieuse comme celle des sirènes.

« Mon père, mon père ! n’entends-tu pas ce que le roi des Gnômes me dit tout bas ? »

Le cheval court, court toujours ; il dévore l’espace ; il fait jaillir du sein des cailloux mille étincelles, qui augmentent l’horreur de ces ténèbres.

« Calme-toi, mon fils, ce n’est rien ; c’est le vent qui tourmente les feuilles desséchées. »