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Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/26

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servés des anciens !… Quelle puissante action sur la société ils avaient départie à la musique !… Quelle vaste et sublime acception ils donnaient à ce mot !… Car personne n’ignore que : « sous le nom de musique ils comprenaient, non seulement la danse, le geste, la poésie, mais même la collection de toutes les sciences ; Hermès définit la musique : la connaissance de l’ordre de toute chose. C’était aussi la doctrine de l’école de Pythagore, de celle de Platon, qui enseignait que tout dans l’univers était musique. Selon Hésychères, les Athéniens donnaient à tous les arts le nom de musique. De là toutes ces musiques sublimes, dont nous parlent les philosophes, musique divine, musique des hommes, musique céleste, musique terrestre, musique active, musique contemplative, musique énonciative, intellectuelle, oratoire… » Pour ces fortes races, la musique, c’était le lien suprême, — le langage des dieux, — la science par excellence qui avait pour mission de conserver et de transmettre toute vérité comme toute sagesse.

Sans nous arrêter ici aux mystères et aux allégories qui ont consacré la croyance de la multitude et des savants (mythes grandioses, allégories fécondes, si sottement raillées par nos Béotiens), sans évoquer de nouveau comme le fit Chénier dans son discours à la Convention nationale, « Orphée sur les monts de Thrace soumettant les monstres des forêts au pouvoir de la lyre, Arion échappant au naufrage, Amphion bâtissant des