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Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/61

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pas des moins éminents, n’ont-ils pas presque désavoué leurs leçons, et ne se sont-ils pas moqués de leur science de lauréats ?

Les concerts du Conservatoire, nous objecte-t-on enfin, sont uniques dans le monde. Certes, si jamais quelqu’un a tressailli à l’audition des symphonies de Beethoven, exécutées par cet orchestre merveilleux, puissant comme l’archange qui foudroie Satan, capricieux et mobile comme la reine Mab, c’est moi. Mais… (car il faut toujours qu’il y ait des mais), ces concerts qui ont jeté un manteau de gloire et d’harmonie sur les infirmités de l’école, ne tiennent pas d’une manière intrinsèque à l’institution du Conservatoire. Ils n’en sont qu’un accident, un phénomène presque indépendant ; leur fondation ne remonte pas plus haut que 1829. Pendant six années consécutives, les symphonies de Beethoven en ont fait presque exclusivement les frais et le succès. Il devient superflu de répéter que sous le rapport vocal ils laissent énormément à désirer. Les chœurs sont rarement justes et plus rarement encore exécutés avec l’intelligence et le sentiment convenables. Quant à la musique instrumentale proprement dite, les solos, duos, quatuors, sextuors, y sont nécessairement écrasés, sacrifiés et rendus comme impossibles par la masse orchestrale. J’oserai donc encore le demander, ces concerts, qui ne dépassent guère le nombre de huit par an, si admirables qu’ils soient, satisfont-ils pleinement tous les besoins, toutes les exigences