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Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/76

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des tribulations et des entraves qui arrêtent les malheureux artistes fatalement prédestinés à donner concert.

De l’enseignement et de la critique

Ces deux choses se valent, elles sont presque également erronées, incomplètes, routinières ou niaises et risibles.

La dignité et les nombreux devoirs de l’enseignement et de la critique (qui n’est qu’un enseignement général) ne sont compris que d’un bien petit nombre. Pour la plupart des maîtres et des critiques de profession, ils n’ont guère souci de ce qu’ils font ou de ce qu’ils disent. Que leur importe l’art, son progrès et son agrandissement social : ces mots sonnent mal à leurs oreilles. Ils voudraient les rayer du dictionnaire. Avant tout ils sont hommes de métier et de marchandise. Et en les qualifiant de ce titre, nous croyons leur accorder plus qu’ils ne méritent, car, pour exercer un métier, pour pratiquer l’art de menuisier, de boulanger, de teinturier, il faut un apprentissage préalable, tandis que ces messieurs ne prennent que rarement cette précaution. Un bon tiers d’entre eux ne connaît qu’à peine les notes et les clefs : — ceux-là ne sont pas les moins influents. N’imaginez pas de demander aux autres s’ils ont jamais songé sérieusement à s’occuper de l’histoire ou de la philosophie de la musique, s’ils prennent la peine d’étudier les