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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/120

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Du Gouvernement Civil,

à l’égard de son père et de sa mère, s’accordent si bien, et sont si peu incompatibles, que les plus entêtés défenseurs de la monarchie, de cette monarchie qu’ils fondent sur le droit de paternité[1], ne sauroient s’empêcher de le reconnoître. Car quand même ce qu’ils enseignent seroit entièrement vrai, quand le droit hérité d’Adam seroit à présent tout-à-fait reconnu, et qu’en conséquence de ce droit, de cette prérogative excellente, celui qui l’auroit héritée du premier homme, seroit assis sur son trône, en qualité de monarque, revêtu de tout ce pouvoir absolu et sans bornes, dont parle le Ch. Filmer, s’il venoit à mourir dès que son héritier seroit né, ne faudroit-il pas que l’enfant, quoiqu’il n’eût été jamais plus libre, jamais plus souverain qu’il ne seroit en ce cas, fût dans la sujétion à l’égard de sa mère, de sa nourrice, de ses tuteurs, de ses gouverneurs, jusques à ce que l’âge et l’éducation eussent

  1. Tels que Hobbes dans son Léviathan et Filmer dans son Patriarcha ; parfaitement réfutés par Algernon Sidney, et par Locke ; et cela en leur opposant une raison très-simple, qui est que le pouvoir paternel n’ayant jamais été despotique et absolu, ne peut être l’origine du Gouvernement Monarchique.