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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/129

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par M. Locke.

rité ; il subsiste tout entier et a lieu dans tous les tems et dans toutes les conditions de la vie. Faute de bien distinguer ces deux sortes de pouvoirs qu’un père a, l’un par le droit de tutelle durant la minorité, l’autre par le droit à cet honneur, qui lui est dû pendant toute sa vie, on est apparemment tombé dans les erreurs dans lesquelles on a été sur cette matière. Car, pour en parler proprement et selon la nature des choses, le premier est plutôt un privilège des enfans, et un devoir des pères et des mères, qu’une prérogative du pouvoir paternel. Les pères et les mères sont si étroitement obligés à nourrir et à élever leurs encans, qu’il n’y a rien qui puisse les exempter de cela. Et quoique le droit de leur commander et de les châtier aille toujours de pair avec le soin qu’ils ont de leur nourriture et de leur éducation, Dieu a imprimé dans l’ame des pères et des mères tant de tendresse pour ceux qui sont engendrés d’eux, qu’il n’y a guère à craindre qu’ils abusent de leur pouvoir par trop de sévérité : les principes de la nature humaine portent plutôt les pères et les mères à un excès d’amour et de tendresse, qu’à un excès de sévérité et de rigueur. C’est pour cela que, quand Dieu