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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/143

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par M. Locke.

que ce sage Créateur en avoit porté lui-même, il n’étoit pas bon d’être seul, il l’a mis dans l’obligation, la nécessité et la convenance qu’il lui a inspirée, avec le desir de se joindre en société. La première société a été celle de l’homme et de la femme ; et elle a donné lieu à une autre qui a été entre le père, la mère et les enfans. À ces deux sortes de sociétés s’en est jointe une troisième, avec le tems, savoir celle des maîtres et des serviteurs. Quoique ces trois sortes de sociétés se soient rencontrées ordinairement ensemble dans une même famille, dans laquelle le maître ou la maîtresse avoit quelque espèce de gouvernement, et le droit de faire des loix propres et particulières à une telle famille. Chacune de ces sociétés-là, ou toutes ensemble, étoient différentes de ce que nous appelons aujourd’hui sociétés politiques, ainsi que nous en serons convaincus, si nous considérons les différentes fins, et les différentes obligations de chacune d’elles.

II. La société conjugale a été formée, par un accord volontaire, entre l’homme et la femme ; et bien qu’elle consiste particulièrement dans le droit que l’un a sur le corps de l’autre, par rapport à la fin principale et la