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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/145

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par M. Locke.

melles de la mère étant suffisantes pour nourrir les petits, jusqu’à ce qu’ils soient capables de se nourrir d’herbe, le mâle se contente d’engendrer, et il ne se mêle plus, après cela, de la femelle, ni des petits, à la subsistance desquels il ne peut rien contribuer. Mais à l’égard des bêtes de proie, la société dure plus long-tems, à cause que la mère ne pouvant pas bien pourvoir à sa subsistance propre, et nourrir en même tems ses petits par sa seule proie, qui est une voie de se nourrir, et plus laborieuse et plus dangereuse que n’est celle de se nourrir d’herbe, l’assistance du mâle est tout-à-fait nécessaire pour le maintien de leur commune famille, si l’on peut user de ce terme, laquelle, jusqu’à ce qu’elle puisse aller chercher quelque proie, ne sauroit subsister que par les soins du mâle et de la femelle. On remarque la même conduite dans tous les oiseaux, si on excepte quelques oiseaux domestiques, qui se trouvent dans des lieux où la continuelle abondance de nourriture exempte le mâle du soin de nourrir les petits : on voit que pendant que les petits, dans leurs nids, ont besoin d’alimens, le mâle et la femelle y en portent, jusqu’à ce que ces petits-