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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/156

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Du Gouvernement Civil,

juge, étant juge et exécuteur pour soi-même, ce qui est, comme je l’ai montré auparavant, le véritable et parfait état de nature.

XII. Une société vient donc, par les voies que nous venons de marquer, à avoir le pouvoir de régler quelles sortes de punitions sont dues aux diverses offenses et aux divers crimes, qui peuvent se commettre contre ses membres, ce qui est le pouvoir législatif : comme elle acquiert de même par-là le pouvoir de punir les injures faites à quelqu’un de ses membres par quelque personne qui n’en est point ; ce qui est le droit de la guerre et de la paix. Tout cela ne tend qu’à conserver, autant qu’il est possible, ce qui appartient en propre aux membres de cette société. Mais quoique chacun de ceux qui sont entrés en société ait abandonné le pouvoir qu’il avoit de punir les infractions des loix de la nature, et de juger lui-même des cas qui pouvoient se présenter, il faut remarquer néanmoins qu’avec le droit de juger des offenses, qu’il a remis à l’autorité législative, pour toutes les causes dans lesquelles il peut appeler au Magistrat, il a remis en même-tems à la société le droit d’employer toute sa force pour l’exé-